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Cavaillé-Coll et l’orgue

azerty (†), le 20/10/2015

Il peut sembler bizarre d’appeler « symphonie » une œuvre écrite pour un seul instrument. C’est cependant ce que Cavaillé-Coll a permis, notamment à Charles-Marie Widor (le rénovateur de l’école française d’orgue), en construisant des instruments spectaculaires à la sonorité généreuse : écouter la Toccata de Widor, mouvement final de sa Symphonie n° 5 pour orgue .

Qui est Aristide Cavaillé-Coll ?

Aristide naît le 4 janvier 1811 à Montpellier (Hérault) dans une famille de facteurs d’orgues. C’est donc tout naturellement et très tôt qu’il fait son apprentissage dans cette profession. La famille vit alors à Toulouse. En 1830, parallèlement à ses études de mathématiques, il invente, en collaboration avec son frère aîné et son père, un instrument à clavier et à anches libres baptisé "poïkilorgue" ou orgue varié expressif, qui est remarqué par Gioacchino Antonio Rossini de passage à Toulouse. C’est justement à la demande de celui-ci qu’en 1833, la famille s’installe à Paris : Rossini avait en effet besoin d’un petit orgue pour la représentation d’un opéra.

Un peu plus tard, Aristide Cavaillé-Coll se fait connaître en remportant le concours ouvert pour la construction d’un grand orgue à l’abbaye royale de Saint-Denis. Cet instrument colossal comporte, en germe, tout le génie du jeune facteur. La brillante réussite de cet orgue novateur terminé en 1841, marque le point de départ d’une éblouissante carrière. Avec l’aide de son père et de son frère, il construira par la suite les orgues de nombreuses églises en France et à l’étranger.

En 1892, le déclin de la manufacture Cavaillé-Coll qui s’était amorcé du fait de la diminution des commandes, s’accélère et entraîne l’entreprise à la faillite (il faut aussi ajouter que cet excellent artisan était par contre un piètre homme d’affaires). Miné par la maladie et les soucis financiers, Aristide Cavaillé-Coll revend son commerce à Charles Mutin en 1898. Atteint d’une cécité galopante, il meurt l’année suivante. Dans son éloge funèbre, Charles Mutin prononça ses mots : « Le Patron... ce nom, en désignant Monsieur Cavaillé-Coll, n’avait rien de l’appellation familière que des employés donnent au chef d’une maison ; il voulait dire quelque chose de plus, de plus affectueux aussi. Cavaillé-Coll fut le chef et le protecteur de la facture d’orgues tout entière ; lui seul, et pas d’autres, éleva son métier à la hauteur d’une science et d’un art, et grâce à son génie l’orgue est devenu l’instrument merveilleux que nous possédons aujourd’hui. »

On ne prête qu’aux riches

La petite histoire attribue à Aristide l’invention de la scie circulaire… en fait il l’a seulement améliorée. Autre preuve de sa notoriété : l’astéroïde 5184 découvert en 1990 a été nommé en son honneur "Cavaillé-Coll".

Un novateur infatigable

L’orgue de la période baroque avait été conçu pour projeter un son clair et précis qui mettait parfaitement en valeur les différentes voies de l’écriture contrapuntique (écouter la Petite fugue BWV 578 de Johann Sebastian Bach). Les instruments de Cavaillé-Coll ont un son beaucoup plus rond et chaud, idéal pour servir le langage plus harmonique qui domine. Ce nouveau style de l’orgue, avec une gamme vraiment orchestrale de combinaisons de sonorités et des capacités sans précédent pour les crescendos et diminuendos, encourage les compositeurs à écrire une musique véritablement "symphonique". On retrouve d’ailleurs cette tendance en Allemagne avec les orgues construits par Friedrich Walcker et les œuvres de Brahms, Max Reger ou Liszt (écouter le Prélude et fugue sur B.A.C.H.).

Dès 1831, quand il termine l’orgue de l’abbaye royale de Saint-Denis, Cavaillé Coll démontre dans ce premier grand instrument toute l’étendue de son génie novateur :
- emploi de machines Barker afin de soulager l’exécutant en diminuant la résistance des touches des claviers,
- jeux "composés plus fournis pour enrichir le tissu harmonique,
- clavier du récit plus expressif,
- plans sonores pensés non plus en opposition mais par masses venant composer un tutti puissant.

Par la suite il n’aura de cesse d’apporter des perfectionnements à la machine orgue et déposera de nombreux brevets. Il améliore notamment le levier pneumatique de Barker et invente un procédé de tirage de jeux par moteurs pneumatiques, qu’il monte sur l’orgue monumental de Saint-Sulpice en 1862. Il perfectionne aussi le système permettant de moduler le volume sonore produit par l’instrument, grâce à une boîte expressive commandée par une pédale dite "d’expression". La guerre de 1870 ralentira l’activité de son usine mais ne tarira pas sa bouillante imagination.

Lorsqu’il achève sa carrière avec les chefs-d’œuvre de Toulouse et Rouen, les Trois Chorals de César Franck (écouter le début du troisième) côtoient déjà la Cinquième Sonate de Guilmant et les dernières Symphonies de l’op. 42 de Widor ainsi que la première de Vierne ; on est très loin des Hymnes de Titelouze (écouter le sixième)… pour ne citer que ces jalons de l’école française d’orgue.

Une œuvre immense

Après la spectaculaire réussite de Saint-Denis, les plus prestigieuses paroisses de France et de l’étranger font appel au talent de Cavaillé Coll. Voici les plus remarquables des instruments qu’il réalise :

À Paris :

En province :

A l’étranger :


Un "C’est pas sorcier" sur le thème de l’orgue

Pour plus d’informations sur l’orgue, voir Wikipedia et Orgues à nos logis

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