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Charles-Marie Widor
Biographie

« Le rénovateur de l’école française d’orgue »

Charles-Marie Widor en bref

Nom Widor
Prénom Charles-Marie

Naissance 21/02/1844, à Lyon (France)
Décès 12/03/1937, à Paris (France)

Nation France
Époque musicale Post-romantique

Enfance, études et débuts

Charles-Marie Widor naît à Lyon le 21 février 1844. Il est d’abord élève de son père, lui-même organiste à Lyon. Il le remplace sur le banc de l’orgue paroissial dès l’age de 11 ans. Il poursuit ses études à Bruxelles avec Jacques-Nicolas Lemmens qui lui transmet la tradition germanique issue de Johann Sebastien Bach mais ignore tout de l’orgue baroque français (François Couperin, Louis Marchand, Nicolas de Grigny) et du style d’interprétation correspondant (écouter un récit de basse de trompette de Nicolas de Grigny). Un des grands mérites de Widor sera de faire le lien entre les deux traditions : germanique et française.

En 1860, il revient à Lyon, où il est organiste de Saint-François. Vers 1865, il s’installe à Paris et assiste Camille Saint-Saëns à la Madeleine à partir de 1868. En 1870, il est nommé, à 26 ans seulement, organiste suppléant de Louis James Alfred Lefébure-Wely sur le prestigieux instrument Cavaillé-Coll de l’église Saint-Sulpice.

Du provisoire qui dure, dure…

C’est grâce au lobbying soutenu de Cavaillé-Coll, Saint-Saëns, et Charles Gounod que Widor est nommé organiste « suppléant » à Saint-Sulpice, poste très envié à Paris. Il faut préciser que l’orgue, par ses capacités spectaculaires, était à l’époque le chef d’œuvre de Cavaillé-Coll. Il faut croire que ce bel instrument romantique était une source d’inspiration particulièrement féconde pour Widor puisqu’il conserva la place jusqu’à la fin de 1933 (il a été remplacé en 1934 par son ancien élève et assistant Marcel Dupré).

Est-ce par négligence ou par souci d’économie, il ne fut jamais officiellement titularisé à ce poste (on dirait ajourd’hui qu’il accumula les CDD) bien qu’il l’ait tenu pendant 64 ans !

Carrière

En 1890, à la mort de César Franck, Widor lui succède en tant que professeur d’orgue au Conservatoire de Paris. En 1896, il reprend la classe de composition, contrepoint et fugue. Il compte parmi ses élèves des organistes (Louis Vierne, Albert Schweitzer, Charles Tournemire et Marcel Dupré), ainsi qu’Arthur Honegger, Edgar Varèse et Darius Milhaud. Il réforme en profondeur l’enseignement de l’orgue en préconisant notamment la connaissance des grandes œuvres de J.S. Bach. À partir de 1899, il dirige d’ailleurs l’édition annotée de l’œuvre d’orgue du Cantor.

Il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1892. Élu membre de l’Académie des beaux-arts en 1910, il en est nommé secrétaire perpétuel le 18 juillet 1914. Il épouse, à l’âge de 76 ans, Mathilde de Montesquiou-Fézensac, âgée de 36 ans, le 26 avril 1920.

Comme virtuose de l’orgue, Widor s’est produit dans 23 pays. Il a fait de nombreuses tournées en Europe (France, Allemagne, Pays-Bas, Portugal, Italie, Suisse et Pologne), sans oublier l’Angleterre et la Russie. Il est souvent invité à inaugurer des instruments de Cavaillé-Coll comme ceux de Notre-Dame de Paris, Saint-Germain-des Prés, Saint-Ouen de Rouen, du Palais du Trocadéro et le nouvel orgue de sa paroisse natale, Saint-François de Lyon.

Il joue en public jusqu’à l’âge de 90 ans et démissionne de son poste ”provisoire” à Saint-Sulpice. Trois ans plus tard, il subit un accident vasculaire cérébral qui paralyse le côté droit de son corps. Il reste alerte mentalement jusqu’à sa mort à son domicile parisien le 12 Mars 1937 à l’âge de 93 ans. Ses restes sont enterrés dans la crypte de Saint-Sulpice quatre jours plus tard.

Une étape importante

En 1921, Widor fonde le Conservatoire américain de Fontainebleau qu’il dirige jusqu’en 1934, année où il est remplacé par Maurice Ravel. Dès l’origine, l’école comprend parmi ses membres un jeune professeur de composition et d’orchestration, Nadia Boulanger, qui va devenir l’âme de cette école internationale en assurant la direction musicale de 1949 à 1979. Les plus grands sont venus à Fontainebleau suivre ses cours ou à son invitation, qu’ils soient compositeurs ou interprètes : Igor Stravinski, Georges Enesco, Jean Françaix, Arthur Rubinstein, Aaron Copland, Yehudi Menuhin, Maurice Gendron, Robert Casadesus, Leonard Bernstein, Philip Glass...

Le compositeur

Surtout connu pour sa musique d’orgue, Widor est aussi auteur de musique de chambre, d’un opéra (les Pêcheurs de Saint-Jean) et de compositions symphoniques (la Nuit de Walpurgis, 3 concertos). Avec sa Messe pour double chœur et deux orgues, il met en honneur un style triomphant qui aura ses émules (Louis Vierne notamment). Sa musique d’orgue est conçue pour les grandes orgues symphoniques d’Aristide Cavaillé-Coll que l’on trouve dans plusieurs des principales églises de Paris (Notre-Dame de Paris, La Madeleine, Notre-Dame-de-Lorette, Saint-Vincent-de-Paul, Saint Sulpice, etc.).

Widor est résolument le premier symphoniste de la littérature pour orgue. Il appelait ses grandes œuvres ”Symphonies”, mot qui les relie à la tradition allemande, mais les siennes sont bien différentes des symphonies classiques en quatre mouvements. Les huit premières symphonies pour orgue de Widor ressemblent plus aux suites françaises baroques qu’aux symphonies de Beethoven. Elles sont composées de cinq ou six mouvements caractéristiques, tels que Prélude, Marche, Menuet, Pastorale, Toccata. Les deux dernières symphonies, Gothique (pour Noël) et Romane (pour Pâques), sont remarquables pour leur usage du grégorien dans un contexte qui résume tout l’art de leur compositeur.

On continue toujours à jouer ses compositions pour orgue. Il aime les grandes masses sonores tout autant que les effets nostalgiques de boîte expressive (procédé perfectionné par Cavaillé-Coll). Ses dix symphonies, écrites de 1876 à 1900, valent surtout par leur architecture (construction de grands allegros bithématiques). C’est là qu’il inaugure les effets de staccato continu. Exemple : sa célèbre Toccata, mouvement final de sa Symphonie n° 5 pour orgue (écouter).

Il est par ailleurs l’auteur d’un traité d’orchestration conçu comme un complément au Traité d’orchestration d’Hector Berlioz, rendu nécessaire selon lui par les progrès des instruments depuis la rédaction de ce dernier ouvrage alors universellement adopté par les compositeurs de musique symphonique.

Pour plus d’informations sur ses œuvres, voir Wikipedia

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