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Edward Elgar
Biographie

« Le renouveau de la musique anglaise »

Edward Elgar en bref

Nom Elgar
Prénom Edward

Naissance 02/06/1857, à Broadheath (Angleterre)
Décès 23/02/1934, à Worcester (Angleterre)

Nation Angleterre
Époque musicale Post-romantique

Enfance, études et débuts

Né le 2 juin 1857 à Broadheath (ouest de l’Angleterre) dans une famille musicienne, Edward Elgar a un père accordeur de piano et organiste. En 1860, la famille déménage à Worcester. Le jeune musicien reçoit sa formation musicale de sa famille et sera toute sa vie autodidacte. Il apprend à jouer pratiquement seul du piano et du violon. Il termine sa scolarité à l’âge de quinze ans. Ses parents l’orientent vers une carrière d’avoué mais il les persuade rapidement que ce n’est pas fait pour lui. Il commence à donner des leçons de violon, et se fait connaitre comme professeur, compositeur et orchestrateur.

En 1877, Elgar rencontre Adolphe Pollitzer, chef d’orchestre du New Philharmonia de Londres, qui lui donnera quelques leçons. De 1879 à 1884, le compositeur dirige un ensemble dans un asile d’aliénés (la musique y est une thérapie !). Puis, grâce à l’aide de Pollitzer, une pièce d’Elgar, Sevillana, est jouée à Hyde Park. En 1884, il assiste émerveillé à la représentation à Worcester du Stabat Mater et de la Symphonie en ré majeur, dirigés par Antonin Dvorak lui-même.

En mai 1889, Elgar épouse Caroline Alice Roberts, fille d’un général de l’armée des Indes. Son épouse ayant hérité de modestes revenus, Elgar s’adonne davantage à la composition. En 1890, nait une fille Carice qui sera leur unique enfant. À partir de cette époque, il compose plusieurs cantates : the Black Night, Scenes from the sage of King Olaf. C’est le début du succès. Cependant, en 1897, sur une commande du festival de Leeds, il compose Caractacus une œuvre qui sera mal exécutée et qui aura un succès mitigé malgré la dédicace à la reine Victoria. En 1898, il obtient enfin un triomphe avec les Variations Enigma (écouter le thème).

Des variations vraiment énigmatiques

Elgar a dédicacé ses Variations Enigma « à mes amis décrits ici », chaque variation représentant un personnage de son proche entourage dont il n’indique que les initiales. La première des énigmes consiste donc à identifier la personne portraiturée. Il existerait cependant un second mystère à propos duquel Elgar a écrit lors de la première exécution : « Je ne dévoilerai pas l’énigme, son mystère devant être gardé. Je dois vous avertir que le rapport entre le thème et ses variations est extrêmement ténu. De plus, il existe un thème qui englobe le tout mais qui n’est jamais « joué »… Le principal thème n’apparaît donc jamais, comme dans certaines pièces de théâtre où le personnage principal n’est pas sur scène ». Il a écrit à nouveau sur ce fameux thème en 1929 : « l’alternance des deux croches et deux noires dans la première mesure et leur inversion dans la seconde mesure doit être notée, les références à cet extrait étant permanentes (soit au niveau de la mélodie, ou dans l’accompagnement) ». Voir ci-dessous :

Plusieurs auteurs ont pensé que ce « thème caché » était une variation d’une mélodie connue. On a notamment suspecté le God Save the Queen, la Symphonie ”Prague” de Wolfgang Mozart (car elle faisait partie du concert de création des Variations Enigma), le thème traditionnel de La Folia, ou encore plus récemment le thème du deuxième mouvement de la Sonate ”pathétique” de Beethoven (écouter), dont le thème d’Elgar est une sorte de ”contre-mélodie”. La combinaison des deux thèmes signifierait qu’Elgar, comme Beethoven qui est connu pour enfanter dans la douleur, avait beaucoup peiné durant la composition de ses Variations ; et la dernière (E.D.U.) sonne comme la victoire de celui qui a enfin réussi à mener jusqu’au bout son travail créateur (écouter). Mais en fait, rien n’assure la justesse de cette dernière hypothèse. Ce qui est sûr, c’est que l’énigme a suscité bien des commentaires, ce qui, finalement, était peut-être le but recherché…

Gloire et apogée

Il deviendra ami avec Gabriel Fauré et fera la connaissance de Richard Strauss. En Allemagne, l’oratorio The Dream of Gerontius (Le rêve de Gerontius) remporte aussi un grand succès malgré une exécution désastreuse en Angleterre (écouter sur youtube). Elgar présente ensuite deux des marches de Pomp and circumstance qui sont un succès (une mélodie de la première marche sera pratiquement considérée comme un second hymne national : écouter).

Mais le couronnement suprême du compositeur se fera en 1904, lorsqu’il sera nommé « Sir« . Le fameux festival de Covent Garden lui rend aussi hommage à plusieurs reprises. La 1ère symphonie, présentée en 1908, sera exécutée près de cent fois dans le monde (écouter un extrait du 1er mvt). Grâce à l’aide de la violoniste Leonora Speyer, Elgar peut mener à bien la composition de son Concerto pour violon (écouter sur youtube). En 1911, il prend la tête de l’orchestre symphonique de Londres. L’exécution de sa 2e symphonie n’aura pas le succès attendu (écouter sur youtube). Il s’installe ensuite dans une magnifique maison de Londres. En 1914, à la déclaration de guerre, la mélodie « terre d’espoir et de gloire« de Pomp and circumstance est sur toutes les lèvres.

Un homme attentif aux progrès technologiques

Elgar est le premier compositeur à prendre le disque phonographique au sérieux. Entre 1914 et 1925, il dirige une série d’enregistrements de ses œuvres. L’arrivée du microphone en 1925 rend plus précise la reproduction du son et il réenregistre la plus grande partie de son répertoire orchestral ainsi que des extraits du Dream of Gerontius. Ces enregistrements seront réédités sur CD dans les années 1990.

Fin de vie et bilan

Après la mort de son épouse en 1920, Elgar arrête d’’écrire. Il meurt le 23 février 1934 à Worcester, considéré, dans son pays tout au moins, comme un compositeur de premier plan.

Contrairement à beaucoup de ses contemporains, Elgar ne puise pas à la sève du folklore populaire pour alimenter son inspiration. Ses influences sont plutôt à chercher chez des compositeurs continentaux : Dvorak, Johannes Brahms surtout pour ses phrases longues et profondes, Richard Wagner pour son chromatisme et son écriture chorale. Concernant l’orchestration, Elgar tient plus de la clarté des compositeurs français comme Hector Berlioz, Camille Saint-Saëns et particulièrement Léo Delibes qu’Elgar admirait énormément. Comment dans ces conditions ne pas douter de la supposée anglicité de la musique d’Elgar ?

En 1967, le critique et l’analyste David Cox trouve une réponse dans la personnalité même d’Elgar « qui peut utiliser des idiomes étrangers d’une telle façon qu’il en fait une forme vitale d’expression qui est sienne et seulement sienne. Et la personnalité qui transpire de sa musique est anglaise ». Cette façon qu’Elgar a de transmuter ses influences avait déjà été relevée par le critique du Times en 1930 « Quand est arrivée la première symphonie d’Elgar, quelqu’un a essayé de prouver que le thème principal sur lequel repose l’œuvre est similaire au thème du Graal dans Parsifal. […] mais ces essais sont infructueux car tout le monde, même ceux qui n’aiment pas la symphonie, ont instantanément reconnu ce thème comme typiquement elgarien, alors que le thème du Graal est typiquement wagnérien." D’autres compositeurs reconnaissent cette anglicité d’Elgar : Richard Strauss et Igor Stravinski y font référence, et Jean Julius Christian Sibelius l’appelle « la personnification du vrai caractère anglais en musique […] une personnalité noble et un aristocrate né. »

Ainsi, plus que des arguments rationnels, c’est ce qu’on éprouve à l’écoute de la musique d’Elgar qui permet d’avancer que ce romantique, aux sonorités toutefois modernes, a contribué (avant Benjamin Britten) au renouveau de la musique anglaise du XXème siècle.

Des jugements contrastés

La réputation d’Elgar a varié durant les décennies qui ont suivi les premiers succès de sa musique au début du XXe siècle. R. Strauss le salut en tant que compositeur progressiste. Hans Richter l’évalue comme « un des meilleurs compositeurs modernes » et Arthur Nikisch considère la Première symphonie comme un chef-d’œuvre à classer avec les grandes symphonies de Beethoven et de Brahms. À l’opposé Herbert von Karajan dit des variations Enigma qu’elles sont du « Brahms de seconde main ». L’immense popularité d’Elgar n’est pas de longue durée : après ses premiers succès, ses dernières oeuvres sont reçues avec politesse. Pour le public, sa musique est plutôt passéiste.

En 1966 le critique Frank Howes relativise les jugements portés sur la musique d’Elgar en la replaçant dans le contexte de son époque. Il écrit qu’elle reflète bien la dernière explosion d’opulence et de vie avant la Première Guerre mondiale. Et il précise qu’on peut certes trouver dans cette époque et dans la musique d’Elgar un sentimentalisme exagéré et beaucoup de grandiloquence, mais « un compositeur doit être jugé par la postérité pour ses meilleures œuvres. […] Elgar est historiquement important pour avoir donné à la musique anglaise le sens de l’orchestre, pour avoir exprimé ce que ça fait de vivre pendant l’époque édouardienne, pour avoir donné au monde au moins quatre chefs-d’œuvre formidables, et pour avoir rétabli l’Angleterre parmi les nations musicales. »

Plus d’infos sur l’œuvre in Wikipedia

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