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Maddalena Casulana
Biographie

« Compositrice et féministe avant l’heure »

Maddalena Casulana en bref

Nom Casulana
Prénom Maddalena

Naissance vers 1540
Décès vers 1590

Nation Italie
Époque musicale Renaissance

Pressé(e) ? Découvrez la biographie courte de Casulana

Traduit de l’anglais avec l’aimable autorisation de Melanie Spiller

Biographie

Maddalena Casulana, aussi connue sous les noms de Signor Maddalena Casulana de Mezari ou Maddelena Mezari dette Casulana, est née vers 1540. Son nom semble indiquer qu’elle naît à Casole d’Elsa, près de Sienne, même si Alessandro Piccolmini, humaniste et philosophe, la donne pour native de Sienne (mais c’est tout ce qu’il nous indique à son sujet).

Elle reçoit son éducation à Casole puis déménage à Florence, où ses mécènes sont les premiers à écouter ses compositions. Selon ses écrits personnels, elle commence sa carrière alors qu’elle n’est âgée que d’une vingtaine d’années. Sa première œuvre connue, le recueil de quatre madrigaux Il Desiderio, date de 1566 (écouter Morir non può il mio cuore sur Youtube - "mon cœur ne peut pas mourir").

Une femme musicienne ?

Compositrice, joueuse de luth et chanteuse renommée de son temps, Maddalena Casulana est la première femme connue à avoir ouvertement fait de la composition et de la musique son métier. Contrairement à ce qu’on pourrait penser de cette époque pour un choix de carrière aussi original, elle reçoit de la part de la bonne société un accueil favorable. Ce n’est par contre pas la première compositrice de l’histoire : citons par exemple Hildegarde de Bingen au Moyen Âge.

Pour plus d’informations sur le sujet, consultez notre dossier sur les femmes et la musique classique.

Puis elle est à Venise, travaillant comme professeur particulière de chant et de composition, ainsi que comme joueuse de luth. En 1568, elle publie son premier recueil de madrigaux à quatre voix à Venise. Les recueils suivants datent de 1570, 1583 et 1586. On la retrouve également dans des anthologies publiées en 1566 et 1567.

La même année, le 22 février, alors qu’elle est déjà connue pour être une femme fière et très confiante en elle, c’est Roland de Lassus lui-même qui dirige une de ses pièces profanes, Nil mage incundum, au mariage de Guillaume V de Bavière avec Renée de Lorraine (qu’elle soit jouée à Munich donne une petite idée de sa renommée). La musique ne nous est malheureusement pas parvenue (les CD devaient être fragiles à l’époque), mais notons qu’à ce mariage fut également joué une pièce de Caterina Willaert, autre compositrice et parente d’Adriano Willaert.

Ste Cécile par Artemisia Gentileschi
Cette toile reprise un peu partout sur la toile *rires* ne représente pas Maddalena Casulana mais
Sainte Cécile, par Artemisia Gentileschi, vers 1610.
S’il le souhaite, le lecteur pourra toutefois choisir d’y voir Casulana sous l’œil paterne et indulgent de Symphozik.

Toujours en 1568, décidément année faste, Antonio Molino (dit Manoli Blessi ; v1495-1571), un marchand, acteur et écrivain vénitien, qu’on considère comme l’un des pères fondateurs de la Commedia dell’arte, dédicace son livre de madrigaux à Casulana. Il y indique que ce livre n’aurait pas pu voir le jour sans les leçons de musique dispensées par notre héroïne. De même, en 1569, le peintre et poète Giambattista Maganza (v1513-1586) lui dédie une chanson. De son côté, Maddalena dédie son deuxième livre de madrigaux à Don Antonio Londonio, un haut placé milanais, dont la femme Isabella est une chanseuse connue.

Maddalena Casulana effectue quelques voyages d’agrément à Vérone, Milan et Florence, rencontrant probablement son futur mari au cours de l’un d’eux…mais on n’a aucune information sur le mari, un certain Mezari (décidément, cette Maddalena renverse les codes établis : normalement, c’est de la femme qu’on ignore tout…) ! On ignore aussi bien la date de ce mariage (on suppose après 1570, assez tard pour l’époque, me semble-t-il ; en 1583 son nom complet est Madalena Mezari detta Casulana Vicentina, ce qui suggère une union), tout comme l’existence d’enfants. Peut-être ce mariage fut-il gardé hors de la connaissance publique.

Après 1570, on ne sait pas grand-chose de ses activités. Le poète Giambattista Crispolti parle d’un banquet à Pérouse où Casulana aurait chanté en 1582. La même année, l’éditeur Angelo Gardana (1540-1611) lui dédie son recueil de madrigaux en l’implorant de faire la faveur, à lui et à ce genre négligé qu’est le madrigal, de ses propres madrigaux…

En 1583, elle donne un concert lors d’une réunion de l’Accademia Olimpica à Vicence.

Le compositeur Philippus de Monte tente de gagner son soutien pour faire revivre le madrigal à trois voix, parlant d’elle comme « la muse et la sirène de notre temps », mais on perd sa trace. Elle meurt vers 1590.

Œuvre, renommée

Son œuvre se compose de trois livres pour un total de 66 madrigaux, qui sont les premières œuvres composées par une femme à être éditées. Le premier recueil, Il Primo libro di madrigal, est édité en 1566.

L’un de ses madrigaux est dédié à Isabelle de Médicis, grande mécène et elle-même musicienne amatrice, avec en prime un commentaire piquant : « je veux montrer au monde, autant que je le peux en tant que musicienne, l’erreur que font les hommes en croyant qu’eux seuls possèdent les dons intellectuels et artistiques et que ces dons ne sont jamais donnés aux femmes ».

Ses madrigaux sont originaux et d’un style très personnel, mais souffrent de quelques défauts liés au fait que Maddalena Casulana ne semble pas avoir eu de professeur spécifique à cet art : certains éléments clés sont en effet soit trop, soit pas assez utilisés. Citons en vrac la surutilisation de procédés "transcrivant" le texte en musique (par exemple, une gamme montante pour transcrire "il monte dans la tour"), thèmes répétés à intervalles trop rapprochés pour contraster avec la texture généralement homophonique (quand les différentes voix d’une pièce musicale chantée articulent les mêmes syllabes en même temps), trop d’altérations chromatiques, de croisements (quand une voix basse chante plus haut qu’une voix haute), de quintes et d’octaves parallèles,…

Mais comme Symphozik est juge impartial, il précise que ces défaut sont néanmoins éclipsés par des effets originaux et impressionnants. Parfois monotone et peu naturelle, la texture révèle ensuite des contrastes très efficaces, en opposant de manière théâtrale les voix hautes aux voix basses, ou en faisant usage du faux-bourdon. On note aussi des techniques harmoniques très bien utilisées : parfois, lors d’un long passage mélodique, une voix effectue lentement une montée chromatique, jusqu’au climax de la pièce ; elle maîtrise la dissonance, chose très moderne ; elle utilise même des accords de septième de dominante et les conclut de façon habituelle, à une époque où on ne les trouve pourtant que dans de très rares ouvrages (Cipriano Rore, Adrian Willaert, de Lassus…).

Les textes sur lesquels elle compose sont parfois de sa plume, mais elle utilise également des poèmes de Pétrarque, Annibale Caro, Luigi Tansillo, Jacopo Sannazaro, Serafino Aquilano, Vincenzo Quirino, Bernado Tasso, ou encore Giulio Strozzi (père de Barbara Strozzi).

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