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Musique et poésie : choix de mélodies, Lieder et chœurs

azerty (†), le 17/03/2015

Préambule

Avertissement : les liens vers les musiques hébergées sur Youtube sont susceptibles de ne plus fonctionner du jour au lendemain, n’hésitez pas à utiliser le moteur de recherche de Youtube pour trouver un autre enregistrement de l’œuvre.

Ce choix de mélodies et de Lieder est bien sûr très subjectif. Les œuvres sont classées par ordre alphabétique des compositeurs. En toute fin de dossier, on trouvera un index des poètes.

Mais qu’est-ce que la poésie ?
- « Lorsqu’un poème, ou simplement un vers, provoque chez le lecteur une sorte de choc, le tire hors de lui-même, le jetant dans le rêve, ou au contraire le contraint à descendre en lui plus profondément jusqu’à le confronter avec l’être et le destin, à ces signes se reconnaît la réussite poétique. » (Georges Pompidou, ”Anthologie de la poésie française”)
- « Sache lecteur, que celui sera véritablement le poète que je cherche en notre langue, qui me fera indigner, apaiser, éjouir, douloir, aimer, haïr, admirer, étonner, bref qui tiendra la bride de mes affections, me tournant ça et là à son plaisir. » (Du Bellay)

Ludwig van BEETHOVEN (3 œuvres)

Es war einmal ein König ! (Histoire d’une Puce), op.75 n°3: écouter sur youtube
poème de Johann Wolfgang von Goethe (extrait de Faust) ; voir aussi Berlioz (rechercher sur Youtube)

Es war einmal ein König,
Der hatt’ einen groàŸen Floh,
Den liebt’ er gar nicht wenig,
Als wie seinen eig’nen Sohn.
Da rief er seinen Schneider,
Der Schneider kam heran ;
"Da, miàŸ dem Junker Kleider
Und miàŸ ihm Hosen an !"
In Sammet und in Seide
War er nun angetan,
Hatte Bänder auf dem Kleide,
Hatt’ auch ein Kreuz daran,
Und war sogleich Minister,
Und hatt einen groàŸen Stern.
Da wurden seine Geschwister
Bei Hof auch groàŸe Herrn.
Und Herrn und Frau’n am Hofe,
Die waren sehr geplagt,
Die Königin und die Zofe
Gestochen und genagt,
Und durften sie nicht knicken,
Und weg sie jucken nicht.
Wir knicken und ersticken
Doch gleich, wenn einer sticht.
Une Puce gentille
Chez un Prince logeait,
Comme sa propre fille,
Le brave homme l’aimait,
Et (l’histoire l’assure)
À son Tailleur, un jour,
Lui fit prendre mesure
Pour un habit de cour.
L’animal, plein de joie,
Dès qu’il se vit paré
D’or, de velours, de soie,
Et de croix décoré,
Fit venir de Province
Ses Frères et ses Soeurs
Qui, par ordre du Prince,
Devinrent grands Seigneurs.
Mais ce qui fut le pire,
C’est que les gens de cour,
Sans en oser rien dire,
Se grattaient tout le jour...
Cruelle politique !
Quel ennui que cela !...
Quand la puce nous pique,
Amis, écrasons-la !

Neue Liebe, neues Leben (Nouvel amour, nouvelle vie), op.75 n°2,
poème de Johann Wolfgang von Goethe : écouter sur youtube

Herz, mein Herz, was soll das geben ?
Was bedränget dich so sehr ?
Welch ein fremdes neues Leben !
Ich erkenne dich nicht mehr !
Weg ist alles, was du liebtest,
Weg, warum du dich betrübtest,
Weg dein FleiàŸ und deine Ruh’,
Ach, wie kamst du nur dazu !
Fesselt dich die Jugendblüte,
Diese liebliche Gestalt,
Dieser Blick voll Treu und Güte
Mit unendlicher Gewalt ?
Will ich rasch mich ihr entziehen,
Mich ermannen, ihr entfliehen,
Führet mich im Augenblick
Ach, mein Weg zu ihr zurück.
Und an diesem Zauberfädchen,
Das sich nicht zerreissen läàŸt,
Hält das liebe, lose Mädchen
Mich so wider Willen fest,
MuàŸ in ihrem Zauberkreise
Leben nun auf ihre Weise.
Die Verändrung, ach wie groàŸ !
Liebe, Liebe, laàŸ mich los !
Coeur, mon coeur, que va-t-il arriver ?
Qu’est-ce qui t’oppresse tant ?
Quelle étrange et nouvelle vie !
Je ne te reconnais plus !
Disparu tout ce que tu aimais,
Disparu ce pourquoi tu te troublais,
Disparus ton assiduité et ton repos,
Hélas, comment en es-tu arrivé là !
Es-tu hypnotisé par la fleur de l’âge,
Cette charmante silhouette,
Ce regard plein de sincérité et de bonté,
Avec une force infinie ?
Si je voulais vite me soustraire à elle,
Me décider à lui échapper,
En un instant
Hélas, mon chemin me reconduirait à elle.
Et avec ce petit fil magique,
Qui ne se laisse pas couper,
Cette jeune fille libre et chère
Me tient serré à mon corps défendant,
Je dois dans son cercle magique
Maintenant vivre selon sa guise.
Ah, quel changement considérable !
Amour, amour, lâche moi !

 

An die ferne Geliebte (À la Bien-aimée lointaine),
cycle de 6 Lieder sur des poèmes de Aloïs Jeitteles : écouter sur youtube

1.

Auf dem Hügel sitz ich spähend
In das blaue Nebelland,
Nach den fernen Triften sehend,
Wo ich dich, Geliebte, fand.
Weit bin ich von dir geschieden,
Trennend liegen Berg und Tal
Zwischen uns und unserm Frieden,
Unserm Glück und unsrer Qual.
Ach, den Blick kannst du nicht sehen,
Der zu dir so glühend eilt,
Und die Seufzer, sie verwehen
In dem Raume, der uns teilt.
Will denn nichts mehr zu dir dringen,
Nichts der Liebe Bote sein ?
Singen will ich, Lieder singen,
Die dir klagen meine Pein !
Denn vor Liebesklang entweichet
Jeder Raum und jede Zeit,
Und ein liebend Herz erreichet
Was ein liebend Herz geweiht !
Je suis assis sur la colline, les yeux fixés
sur le paysage bleu de brouillard,
regardant les pâturages lointains
où je t’ai trouvée, toi, ma bien-aimée.
Je suis parti loin de toi,
les monts et les vallées nous coupent
de notre quiétude,
de notre bonheur et de nos peines.
Ah ! tu ne peux voir ce regard,
qui ardemment se hâte vers toi
et les soupirs se perdent
dans l’espace qui nous sépare !
Plus rien ne veut donc plus t’atteindre ?
Ni ne veut donc être messager de l’amour ?
Je veux chanter, chanter des chants
qui te parlent de ma peine !
Car au son d’une chanson
s’efface la distance et le temps
et un coeur amoureux reçoit
ce qu’un coeur amoureux lui a voué.

2.

Wo die Berge so blau
Aus dem nebligen Grau
Schauen herein,
Wo die Sonne verglüht,
Wo die Wolke umzieht,
Möchte ich sein !
Dort im ruhigen Tal
Schweigen Schmerzen und Qual.
Wo im Gestein
Still die Primel dort sinnt,
Weht so leise der Wind,
Möchte ich sein !
Hin zum sinnigen Wald
Drängt mich Liebesgewalt,
Innere Pein.
Ach, mich zög’s nicht von hier,
Könnt ich, Traute, bei dir
Ewiglich sein !
Là où les monts si bleus
du brouillard gris
émergent,
là où le soleil se couche,
là où s’avance le nuage,
là je voudrais être !
Là -bas dans la vallée calme
se taisent les douleurs et la peine.
Là où sur la roche
la primevère rêve paisiblement,
là où la brise souffle, légère,
là je voudrais être.

Vers la forêt rêveuse
la force de l’amour me pousse,
intolérable peine.
Ah ! mais rien ne me ferait partir d’ici
si je pouvais être éternellement
près de toi, ma bien-aimée !

3.

Leichte Segler in den Höhen,
Und du, Bächlein klein und schmal,
Könnt mein Liebchen ihr erspähen,
GrüàŸt sie mir viel tausendmal.
Seht ihr, Wolken, sie dann gehen
Sinnend in dem stillen Tal,
LaàŸt mein Bild vor ihr entstehen
In dem luft’gen Himmelssaal.
Wird sie an den Büschen stehen,
Die nun herbstlich falb und kahl.
Klagt ihr, wie mir ist geschehen,
Klagt ihr, Vöglein, meine Qual.
Stille Weste, bringt im Wehen
Hin zu meiner Herzenswahl
Meine Seufzer, die vergehen
Wie der Sonne letzter Strahl.
Flüstr’ ihr zu mein Liebesflehen,
LaàŸ sie, Bächlein klein und schmal,
Treu in deinen Wogen sehen
Meine Tränen ohne Zahl !
Oiseaux dans les cieux,
petit ruisseau,
si vous pouvez voir ma bien-aimée,
transmettez-lui mille fois mon souvenir !
Et vous, nuages, si ensuite vous la voyez marcher
d’un air rêveur dans la tranquille vallée,
évoquez vite mon image dans l’éther !

Si elle se tient près des buissons
qui maintenant en automne sont décolorés,
petits oiseaux, contez-lui ce qui m’est arrivé,
contez-lui ma peine !

Calmes vents d’ouest, portez
à l’élue
de mon coeur mes soupirs, qui s’éteignent
comme le dernier rayon du soleil.

Petit ruisseau, chuchote-lui
ma plainte amoureuse,
montre-lui fidèlement
mes larmes innombrables.

4.

Diese Wolken in den Höhen,
Dieser Vöglein muntrer Zug,
Werden dich, o Huldin, sehen.
Nehmt mich mit im leichten Flug !
Diese Weste werden spielen
Scherzend dir um Wang’ und Brust,
In den seidnen Locken wühlen.
Teilt ich mit euch diese Lust !
Hin zu dir von jenen Hügeln
Emsig dieses Bächlein eilt.
Wird ihr Bild sich in dir spiegeln,
FlieàŸ zurück dann unverweilt !
Ces nuages dans les cieux,
cet envol joyeux d’oiseaux
vont te voir, ô bien-aimée !
Emmenez-moi dans votre vol léger !
Ces vents d’ouest vont jouer
en riant le long de ta joue,
de ta poitrine et dans tes boucles soyeuses.
Puissé-je partager ce plaisir avec vous !

Vers toi ce ruisseau descend
rapidement de ces collines ;
si elle se reflète dans tes eaux,
que son image retourne vite vers moi !

5.

Es kehret der Maien, es blühet die Au,
Die Lüfte, sie wehen so milde, so lau,
Geschwätzig die Bäche nun rinnen.
Die Schwalbe, die kehret zum Dach,
Sie baut sich so emsig ihr bräutlich Gemach,
Die Liebe soll wohnen da drinnen.
Sie bringt sich geschäftig von kreuz und von quer
Manch weicheres Stück zu dem Brautbett,
Manch wärmendes Stück für die Kleinen.
Nun wohnen die Gatten beisammen so treu,
Was Winter geschieden, verband nun der Mai,
Was liebet, das weiàŸ er zu einen.
Es kehret der Maien, es blühet die Au.
Die Lüfte, sie wehen so milde, so lau.
Nur ich kann nicht ziehen von hinnen.
Wenn alles, was liebet, der Frühling vereint,
Nur unserer Liebe kein Frühling erscheint,
Und Tränen sind all ihr Gewinnen.
Le mois de mai revient, les prés sont fleuris.
L’air tiède souffle doucement
et les rivières coulent, bavardes...
L’hirondelle revient à son toit accueillant
et construit avec zèle sa demeure nuptiale,
l’amour doit y habiter.

Elle apporte de droite et de gauche des brins,
plus doux pour son lit,
plus chauds pour les oisillons.

Maintenant les époux vivent enfin ensemble ;
ce que l’hiver avait séparé,
mai le rassemble car il sait réunir ceux qui s’aiment.

Mai revient, les prés sont en fleurs,
l’air tiède souffle doucement,
seulement moi je ne peux partir...

Au moment où tout ce qui s’aime est réuni par le printemps,
notre amour ne connaît pas de printemps
et ne gagne que des larmes, oui, que des larmes.

6.

Nimm sie hin denn, diese Lieder,
Die ich dir, Geliebte, sang,
Singe sie dann abends wieder
Zu der Laute süàŸem Klang.
Wenn das Dämmrungsrot dann zieht
Nach dem stillen blauen See,
Und sein letzter Strahl verglühet
Hinter jener Bergeshöh ;
Und du singst, was ich gesungen,
Was mir aus der vollen Brust
ohne Kunstgepräng erklungen,
Nur der Sehnsucht sich bewuàŸt :
Dann vor diesen Liedern weichet
Was geschieden uns so weit,
Und ein liebend Herz erreichet
Was ein liebend Herz geweiht.
Accepte donc ces chansons
que je te chantais, ô bien-aimée,
et chante-les le soir en t’accompagnant
du son doux de ton luth !
Quand le crépuscule s’étend
vers le lac calme et bleu
et que le dernier rayon disparaît
derrière la cime de cette montagne

et quand tu chantes ce que je chantais,
ce qui sortait avec force de ma poitrine,
sans artifice,
seulement conscient de cette langueur,

alors ce qui nous a séparés
cède devant ces chansons
et un coeur amoureux reçoit
ce qu’un coeur amoureux lui a voué.

Hector BERLIOZ (2 œuvres)

Trois extraits de La Damnation de Faust : La puce, Repose et Devant la maison,
poème de Wolfgang von Goethe (extrait de Faust) : rechercher sur youtube

Les Nuits d’été, 6 mélodies,
poèmes de Théophile Gautier (extraits du recueil La Comédie de la mort)

1. Villanelle : écouter sur youtube (sous-titré)

2. Le spectre de la rose : écouter sur youtube (sous-titré)

3. Lamento (Ma belle amie est morte) : écouter sur youtube (sous-titré)

4. Absence : écouter sur youtube (sous-titré)

5. Au cimetière : écouter sur youtube (sous-titré)

6. L’île inconnue : écouter sur youtube (sous-titré)

Johannes BRAHMS (2 œuvres)

Bonsoir, bonne nuit, berceuse op. 49 n° 4 : écouter sur youtube (+ traduction)

Rhapsodie pour alto op. 53, poème de Johann Wolfgang von Goethe : écouter

Aber abseits wer ist’s ?
Im Gebüsch verliert sich der Pfad.
Hinter ihm schlagen
Die Sträuche zusammen,
Das Gras steht wieder auf,
Die à–de verschlingt ihn.
Ach, wer heilet die Schmerzen
Des, dem Balsam zu Gift ward ?
Der sich MenschenhaàŸ
Aus der Fülle der Liebe trank ?
Erst verachtet, nun ein Verächter,
Zehrt er heimlich auf
Seinen eigenen Wert
In ungenugender Selbstsucht.
Ist auf deinem Psalter,
Vater der Liebe, ein Ton
Seinem Ohre vernehmlich,
So erquicke sein Herz !
à–ffne den umwölkten Blick
àœber die tausend Quellen
Neben dem Durstenden
In der Wüste !
À l’écart qui va là ?
L’exilé suit seul son chemin.
Sur ses pas,
les buissons se referment;
pour lui la terre est dure,
partout la solitude.
Ah, qui peut guérir l’âme
que la haine a blessée
et qui boit le fiel
dans le calice de l’amour ?
Désemparée, pleine de rage,
elle se nourrit
de son propre orgueil
en de vaines délices.

S’il est sur tes cordes,
Dieu de la lyre, un chant
qui le puisse émouvoir,
O, ranime ce coeur !
Guide ce regard voilé
vers les sources limpides
que cherche en vain sa lèvre altérée !

Georges BRASSENS (2 œuvres)

Ballade des dames du temps jadis (+ texte), écouter sur youtube
poème de François Villon

Il n’y a pas d’amour heureux, écouter sur youtube (sous-titré)
poème de Louis Aragon

Jehan CHARDAVOINE (1 œuvre)

Mignonne, allons voir si la rose, chanson pour voix et luth : écouter sur youtube
poème de Pierre de Ronsard extrait des Odes à Cassandre

Guillaume COSTELEY (2 œuvres)

Mignonne, allons voir si la rose, chanson pour choeur a capella : écouter sur youtube
poème de Pierre de Ronsard extrait des Odes à Cassandre

Allons gay gay bergère, chanson pour choeur a capella : écouter sur youtube

Claude DEBUSSY (6 œuvres)

Fête galante, poème de Théodore de Banville : écouter

Voilà Sylvandre et Lycas et Myrtil
Car c’est ce soir fête chez Cydalise.
Partout dans l’air court un parfum subtil,
Dans le grand parc où tout s’idéalise
Avec la rose Aminthe rivalise.
Philis, Eglé, qui suivent leurs amants,
Cherchent l’ombrage en mille endroits charmants.
Dans le soleil qui s’irrite et qui joue,
Luttant d’orgueil avec les diamants,
Sur le chemin, le Paon blanc fait la roue.

Trois Chansons de Charles d’Orléans pour choeur a capella
poèmes de Charles d’Orléans : Dieu, qu’il la fait bon regarder, Quant j’ai ouy le tambourin et Yver, vous n’estes qu’un villain ! : écouter sur youtube (partition)

Chevaux de bois (n° 4 des Ariettes oubliées : écouter sur youtube
poème de Paul Verlaine.

1. Tournez, tournez, bons chevaux de bois,
Tournez cent tours, tounez mille tours.
Tournez souvent et tournez toujours,
Tournez, tournez au son des hautbois.
3. Tournez, tournez, chevaux de leur coeur,
Tandis qu’autour de tous vos tournois
Clignote l’oeil du filou sournois.
Tournez au son du piston vainqueur !
5. Tournez dadas, sans qu’il soit besoin
D’user jamais de nuls éperons
Pour commander à vos galops ronds.
Tournez, tournez, sans espoir de foin,
7. Tournez, tournez ! Le ciel en velours
D’astres en or se vêt lentement,
2. L’enfant tout rouge et la mère blanche,
Le gars en noir et la fille en rose.
L’une à la chose et l’autre à la pose,
Chacun se paie un sou de dimanche.
4. C’est étonnant comme ça vous soûle,
D’aller ainsi dans ce cirque bête,
Rien dans le ventre et mal dans la tête,
Du mal en masse et du bien en foule ;
6. Et dépêchez, chevaux de leur âme,
Déjà voici que sonne à la soupe
La nuit qui tombe et chasse la troupe
De gais buveurs, que leur soif affame.
8. L’église tinte un glas tristement.
Tournez au son joyeux des tambours, tournez.

Green (n° 5 des Ariettes Oubliées) : écouter sur youtube (partition)
poème de Paul Verlaine.

Fantoches (n° 2 des Fêtes galantes vol. I) : écouter sur youtube

poème de Paul Verlaine.

Scaramouche et Pulcinella,
Qu’un mauvais dessein rassembla,
Gesticulent noirs sous la lune,
Cependant l’excellent docteur Bolonais
Cueille avec lenteur des simples
Parmi l’herbe brune.
Lors sa fille, piquant minois,
Sous la charmille, en tapinois,
Se glisse demi-nue,
En quête de son beau pirate espagnol,
Dont un amoureux rossignol
Clame la détresse à tue-tête.

Mandoline : écouter sur youtube

poème de Paul Verlaine, mis aussi en musique par Fauré (écouter sur youtube)

1. Les donneurs de sérénades
Et les belles écouteuses
Echangent des propos fades
Sous les ramures chanteuses.
3. Leurs courtes vestes de soie,
Leurs longues robes à queue,
Leur élégance, leur joie
Et leurs molles ombres bleues,
2. C’est Tircis et c’est Aminte,
Et c’est l’éternel Clitandre,
Et c’est Damis qui pour mainte
Cruelle fait maint vers tendre.
4. Tourbillonnent dans l’extase
D’une lune rose et grise,
Et la mandoline jase
Parmi les frissons de brise.

Henri DUPARC (2 œuvres)

L’Invitation au Voyage : écouter sur youtube (partition)
poème extrait des Fleurs du Mal (voir wikipedia) de Charles Baudelaire.

La Vie antérieure : écouter sur youtube
poème extrait des Fleurs du Mal (voir wikipedia) de Charles Baudelaire.

1. J’ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
3. C’est là , c’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes
Au milieu de l’azur, des vagues, des splendeurs,
Et des esclaves nus tout imprégnés d’odeurs
2. Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d’une façon solennelle et mystique
Les tout puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux...
4. Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l’unique soin était d’approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.

Gabriel FAURÉ (14 œuvres)

Après un rêve, op. 7 n° 1 : écouter sur youtube (partition)
poème de Romain Bussine basé sur un texte italien anonyme

Au bord de l’eau, op. 8 n° 1 : écouter sur youtube
poème de René François Sully Prudhomme

1. S’asseoir tous deux au bord du flot qui passe,
Le voir passer,
Tous deux s’il glisse un nuage en l’espace,
Le voir glisser,
3. Entendre au pied du saule où l’eau murmure
L’eau murmurer,
Ne pas sentir tant que ce rêve dure
Le temps durer.
5. Et seuls tous deux devant tout ce qui lasse
Sans se lasser,
2. À l’horizon s’il fume un toit de chaume
Le voir fumer,
Aux alentours si quelque fleur embaume
S’en embaumer,
4. Mais n’apportant de passion profonde
Qu’à s’adorer,
Sans nul souci des querelles du monde
Les ignorer ;
6. Sentir l’amour devant tout ce qui passe
Ne point passer !

Ici-bas tous les lilas meurent, op. 8 n° 3 : écouter sur youtube
poème de René François Sully Prudhomme

1. Ici-bas tous les lilas meurent,
Tous les chants des oiseaux sont courts,
Je rêve aux étés qui demeurent
Toujours !
3. Ici-bas, tous les hommes pleurent
Leurs amitiés ou leurs amours ;
2. Ici-bas les lèvres effleurent
Sans rien laisser de leur velours,
Je rêve aux baisers qui demeurent
Toujours !
4. Je rêve aux couples qui demeurent
Toujours !

Nell, op. 18 n° 1 : écouter sur youtube
poème de Charles-Marie-René Leconte de Lisle

1. Ta rose de pourpre à ton clair soleil,
à” Juin, étincelle enivrée,
Penche aussi vers moi ta coupe dorée:
Mon coeur à ta rose est pareil.
3. Que ta perle est douce au ciel parfumé.
Étoile de la nuit pensive !
Mais combien plus douce est la clarté vive
Qui rayonne en mon coeur, en mon coeur charmé !
2. Sous le mol abri de la feuille ombreuse
Monte un soupir de volupté:
Plus d’un ramier chante au bois écarté.
à” mon coeur, sa plainte amoureuse.
4. La chantante mer. Le long du rivage,
Taira son murmure éternel,
Avant qu’en mon coeur, chère amour.
à” Nell, ne fleurisse plus ton image !

Automne, op. 18 n° 3 : écouter sur youtube
poème d’Armand Silvestre

1. Automne au ciel brumeux, aux horizons navrants.
Aux rapides couchants, aux aurores pâlies,
Je regarde couler, comme l’eau du torrent,
Tes jours faits de mélancolie.
3. Je sens, au clair soleil du souvenir vainqueur,
Refleurir en bouquet les roses deliées,
2. Sur l’aile des regrets mes esprits emportés,
Comme s’il se pouvait que notre âge renaisse !-
Parcourent, en rêvant, les coteaux enchantés,
Où jadis sourit ma jeunesse !
4. Et monter à mes yeux des larmes, qu’en mon coeur,
Mes vingt ans avaient oubliées !

Les Berceaux, op. 23 n° 1 : écouter sur youtube (partition)
poème de René François Sully Prudhomme

Le Secret, op. 23 n° 3 : écouter sur youtube
poème d’Armand Silvestre

1. Je veux que le matin l’ignore
Le nom que j’ai dit à la nuit,
Et qu’au vent de l’aube, sans bruit,
Comme une larme il s’évapore.
3. Je veux que le couchant l’oublie
Le secret que j’ai dit au jour,
2. Je veux que le jour le proclame
L’amour qu’au matin j’ai caché,
Et sur mon coeur ouvert penché
Comme un grain d’encens il l’enflamme.
4. Et l’emporte avec mon amour,
Aux plis de sa robe pâlie !

Chanson d’amour, op. 27 n° 1 : écouter sur youtube
poème d’Armand Silvestre

1. J’aime tes yeux, j’aime ton front,
à” ma rebelle, ô ma farouche,
J’aime tex yeux, j’aime ta bouche
Où mes baisers s’épuiseront.
3. J’aime tout ce qui te fait belle,
De tes pieds jusqu’à tes cheveux,
2. J’aime ta voix, j’aime l’étrange
Grâce de tout ce que tu dis,
à” ma rebelle, ô mon cher ange,
Mon enfer et mon paradis !
4. à” toi vers qui montent mes vœux,
à” ma farouche, ô ma rebelle !

Madrigal, op. 35, pour piano et chœur a capella : écouter sur youtube (partition)
poème d’Armand Silvestre

Clair de lune, op. 46 n° 2 : écouter sur youtube
poème de Paul Verlaine

Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmants masques et bergamasques,
Jouant du luth et dansant, et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques,
Tout en chantant sur le mode mineur
L’amour vainqueur et la vie opportune.
Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur,
Et leur chanson se mêle au clair de lune,
Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver, les oiseaux dans les arbres,
Et sangloter d’extase les jets d’eau,
Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.

Larmes, op. 51 n° 1 : écouter
poème de Jean Richepin.

1. Pleurons nos chagrins, chacun le nôtre,
Une larme tombe, puis une autre,
Toi, qui pleures-tu ? ton doux pays,
Tes parents lointains, ta fiancée.
Moi, mon existence dépensée
En voeux trahis !
3. Pleurons nos chagrins, chacun le nôtre,
Une larme tombe, puis une autre.
Le flux de la mer en est grossi
Et d’une salure plus épaisse,
Depuis si longtemps que notre espèce
Y pleure ainsi.
2. Pleurons nos chagrins, chacun le nôtre,
Une larme tombe, puis une autre,
Semons dans la mer ces pâles fleurs
A notre sanglot qui se lamente
Elle répondra par la tourmente
Des flots hurleurs.
4. Pleurons nos chagrins, chacun le nôtre,
Une larme tombe, puis une autre,
Peut-être toi-même, ô triste mer,
Mer au goût de larme âcre et salée,
Es-tu de la terre inconsolée
Le pleur amer !

Au cimetière, op. 51 n° 2 : écouter sur youtube et écouter Barbara
poème de Jean Richepin.

1. Heureux qui meurt ici,
Ainsi que les oiseaux des champs !
Son corps, près des amis,
Est mis dans l’herbe et dans les chants.
Il dort d’un bon sommeil vermeil,
Sous le ciel radieux.
Tous ceux qu’il a connus, venus,
Lui font de longs adieux.
3. Combien plus malchanceux
Sont ceux qui meurent à la mé,
Et sous le flot profond
S’en vont loin du pays aimé !
2. À sa croix les parents pleurants,
Restent agenouillés,
Et ses os, sous les fleurs, de pleurs
Sont doucement mouillés
Chacun sur le bois noir,
Peut voir s’il était jeune ou non,
Et peut, avec de vrais regrets,
L’appeler par son nom,
4. Ah ! pauvres ! qui pour seul linceul
Ont les goëmons verts,
Où l’on roule inconnu, tout nu,
Et les yeux grands ouverts !


J’ai presque peur, en vérité, n°5 de La Bonne Chanson op. 61

poème de Paul Verlaine : écouter sur youtube (partition)

Prison, Fauré : Op. 83 n° 1 : écouter sur youtube
poème de Paul Verlaine

Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme,
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.
La cloche, dans le ciel qu’on voit,
Doucement tinte,
Un oiseau, sur l’arbre qu’on voit,
Chante sa plainte.
Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là ,
Simple et tranquille !
Cette paisible rumeur-là 
Vient de la ville.
Qu’as-tu fait, ô toi que voilà ,
Pleurant sans cesse,
Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà ,
De ta jeunesse ?

Jean FERRAT (2 œuvres)

Aimer à perdre la raison : écouter sur youtube
poème de Louis Aragon

Que serai-je sans toi : écouter sur youtube
poème de Louis Aragon

Léo FERRÉ (5 œuvres)

Sous le pont Mirabeau : écouter sur youtube
poème de Guillaume Apollinaire (extrait d’Alcool)

Est-ce ainsi que les hommes vivent ? : écouter sur youtube
poème de Louis Aragon (extrait de Le roman inachevé)

Blues : écouter sur youtube
poème de Louis Aragon (extrait de Quatorzième arondissement)

Que sont mes amis devenus : écouter sur youtube
poème de Rutebeuf

Mon rêve familier : écouter sur youtube
poème de Paul Verlaine (extrait des Poèmes saturniens)

Joseph KOSMA (2 œuvres)

Les Feuilles mortes : écouter sur youtube (chanté par Yves Montand)
poème de Jacques Prévert

Barbara : écouter sur youtube (chanté par Yves Montand)
poème de Jacques Prévert

Jacques OFFENBACH (2 œuvres)

Barcarolle : écouter sur youtube (sous-titré)
extraite des Contes d’Hoffmann (livret de Jules Barbier)

Chanson de Fortunio : écouter sur youtube
poème d’Alfred de Musset

Francis POULENC (7 œuvres)

Le Bestiaire ou Le Cortège d’Orphée : écouter sur youtube
poèmes de Guillaume Apollinaire

Marie, n° 6 des Sept chansons pour choeur à capella : écouter sur youtube
poème d’Apollinaire (extrait d’Alcools)

1. Vous y dansiez petite fille
Y danserez-vous mère-grand
C’est la maclotte qui sautille
Toutes les cloches sonneront
Quand donc reviendrez-vous Marie
Les masques sont silencieux
Et la musique est si lointaine
Qu’elle semble venir des cieux
Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine
Et mon mal est délicieux
Les brebis s’en vont dans la neige
Flocons de laine et ceux d’argent
Des soldats passent et que n’ai-je
2. Un coeur à moi ce coeur changeant
Changeant et puis encor que sais-je
Sais-je où s’en iront tes cheveux
Crépus comme mer qui moutonne
Sais-je où s’en iront tes cheveux
Et tes mains feuilles de l’automne
Que jonchent aussi nos aveux
Je passais au bord de la Seine
Un livre ancien sous le bras
Le fleuve est pareil à ma peine
Il s’écoule et ne tarit pas
Quand donc finira la semaine
Quand donc reviendrez-vous Marie.

En chantant les servantes s’élancent, n° 2 de Figure humaine pour chœur a capella
poème de Paul Éluard (extrait de Poésie et vérité) : écouter sur youtube (sous-titré)

Liberté, n° 7 de Figure humaine pour chœur a capella
poème de Paul Éluard (extrait de Poésie et vérité) : écouter sur youtube (sous-titré)

Belle et ressemblante, n° 5 de Sept chansons pour choeur à capella
poème de Paul Éluard (extrait de La vie immédiate) : écouter sur youtube

Un visage à la fin du jour
Un berceau dans les feuilles mortes du jour
Un bouquet de pluie nue
Tout soleil caché
Toute source des sources au fond de l’eau
Tout miroir des miroirs brisé
Un visage dans les balances du silence
Un caillou parmi d’autres cailloux
Pour les frondes des dernières lueurs du jour
Un visage semblable à tous les visages oubliés.

Attributs, n° 1 de Cinq poèmes de Ronsard : écouter sur youtube

Les épis sont à Cérès,
Aux Dieux bouquins les forêts,
À Chlore l’herbe nouvelle,
À Phoebus le vert laurier,
À Minerve l’olivier,
Et le beau pin à Cybèle ;
Au Zéphir le doux bruit,
À Pomone le doux fruit,
L’onde aux Nymphes est sacrée,
À Flore les belles fleurs ;
Mais les soucis et les pleurs
Sont sacrés à Cythèrée.

Le Tombeau, n° 2 de Cinq poèmes de Ronsard : écouter

Quand le ciel et mon heure
Jugeront que je meure,
Ravi du beau séjour
Du commun jour,
Je défends qu’on ne rompe
Le marbre pour la pompe
De vouloir mon tombeau
Bâtir plus beau,
Mais bien je veux qu’un arbre
M’ombrage en lieu d’un marbre,
Arbre qui soit couvert
Toujours de vert.
De moi puisse la terre
Engendrer un lierre
M’embrassant en maint tour
Tout à l’entour ;
Et la vigne tortisse
Mon sépulcre embellisse,
Faisant de toutes parts
Une ombre épars.

Maurice RAVEL (3 œuvres)

Histoires naturelles, 5 mélodies : écouter
textes extraits des Histoires naturelles de Jules Renard.

1. LE PAON

Il va sûrement se marier aujourd’hui.
Ce devait être pour hier. En habit de gala, il était prêt. Il n’attendait que sa fiancée. Elle n’est pas venue. Elle ne peut tarder.
Glorieux, il se promène avec une allure de prince indien et porte sur lui les riches présents d’usage. L’amour avive l’éclat de ses couleurs et son aigrette tremble comme une lyre.
La fiancée n’arrive pas.
Il monte au haut du toit et regarde du côté du soleil. Il jette son cri diabolique :
Léon ! Léon !
C’est ainsi qu’il appelle sa fiancée. Il ne voit rien venir et personne ne répond. Les volailles habituées ne lèvent même point la tête. Elles sont lasses de l’admirer. Il redescend dans la cour, si sûr d’être beau qu’il est incapable de rancune.
Son mariage sera pour demain.
Et, ne sachant que faire du reste de la journée, il se dirige vers le perron. Il gravit les marches, comme des marches de temple, d’un pas officiel.
Il relève sa robe à queue toute lourde des yeux qui n’ont pu se détacher d’elle.
Il répète encore une fois la cérémonie.

2. LE GRILLON

C’est l’heure où, las d’errer, l’insecte nègre revient de promenade et répare avec soin le désordre de son domaine.
D’abord il ratisse ses étroites allées de sable.
Il fait du bran de scie qu’il écarte au seuil de sa retraite.
Il lime la racine de cette grande herbe propre à le harceler.
Il se repose.
Puis il remonte sa minuscule montre.
A-t-il fini ? Est-elle cassée ? Il se repose encore un peu.
Il rentre chez lui et ferme sa porte.
Longtemps il tourne sa clé dans la serrure délicate.
Et il écoute :
Point d’alarme dehors.
Mais il ne se trouve pas en sûreté.
Et comme par une chaînette dont la poulie grince, il descend jusqu’au fond de la terre.
On n’entend plus rien.
Dans la campagne muette, les peupliers se dressent comme des doigts en l’air et désignent la lune.

3. LE CYGNE

Il glisse sur le bassin, comme un traîneau blanc, de nuage en nuage. Car il n’a faim que des nuages floconneux qu’il voit naître, bouger, et se perdre dans l’eau. C’est l’un d’eux qu’il désire. Il le vise du bec, et il plonge tout à coup son col vêtu de neige.
Puis, tel un bras de femme sort d’une manche, il retire.
Il n’a rien.
Il regarde : les nuages effarouchés ont disparu.
Il ne reste qu’un instant désabusé, car les nuages tardent peu à revenir, et, là -bas, où meurent les ondulations de l’eau, en voici un qui se reforme.
Doucement, sur son léger coussin de plumes, le cygne rame et s’approche…
Il s’épuise à pêcher de vains reflets, et peut-être qu’il mourra, victime de cette illusion, avant d’attraper un seul morceau de nuage.
Mais qu’est-ce que je dis ?
Chaque fois qu’il plonge, il fouille du bec la vase nourrissante et ramène un ver.
Il engraisse comme une oie.

4. LE MARTIN-PàŠCHEUR

Ça n’a pas mordu, ce soir, mais je rapporte une rare émotion.
Comme je tenais ma perche de ligne tendue, un martin-pêcheur est venu s’y poser.
Nous n’avons pas d’oiseau plus éclatant.
Il semblait une grosse fleur bleue au bout d’une longue tige. La perche pliait sous le poids. Je ne respirais plus, tout fier d’être pris pour un arbre par un martin-pêcheur.
Et je suis sûr qu’il ne s’est pas envolé de peur, mais qu’il a cru qu’il ne faisait que passer d’une branche à une autre.

5. LA PINTADE

C’est la bossue de ma cour. Elle ne rêve que plaies à cause de sa bosse.
Les poules ne lui disent rien : brusquement, elle se précipite et les harcèle.
Puis elle baisse sa tête, penche le corps, et, de toute la vitesse de ses pattes maigres, elle court frapper, de son bec dur, juste au centre de la roue d’une dinde.
Cette poseuse l’agaçait.
Ainsi, la tête bleuie, ses barbillons à vif, cocardière, elle rage du matin au soir. Elle se bat sans motif, peut être parce qu’elle s’imagine toujours qu’on se moque de sa taille, de son crâne chauve et de sa queue basse.
Et elle ne cesse de jeter un cri discordant qui perce l’air comme une pointe.
Parfois elle quitte la cour et disparaît. Elle laisse aux volailles pacifiques un moment de répit. Mais elle revient plus turbulente et plus criarde. Et, frénétique, elle se vautre par terre.
Qu’a-t-elle donc ?
La sournoise fait une farce.
Elle est allée pondre son œuf à la campagne.
Je peux le chercher si ça m’amuse.
Elle se roule dans la poussière, comme une bossue.

Ronsard à son âme : écouter sur youtube

poème de Pierre de Ronsard

Amelette Ronsardelette,
Mignonnelette, doucelette,
Trés chère hostesse de mon corps,
Tu descens là -bas, faiblelette,
Pasle, maigrelette, seulette,
Dans le froid royaume des mors ;
Toutesfois simple, sans remors
De meurtre, poison, et raucune,
Méprisant faveurs et trésors,
Tant enviez par la commune.
Passant, j’ay dit : suy ta fortune,
Ne trouble mon repos, je dors.

Schéhérazade, 3 mélodies : écouter la partie 1 (partition) et la partie 2 (partition)
poèmes de Tristan Klingsor (reproduits ici)

Franz SCHUBERT (3 œuvres)

Der Erlkönig (Le Roi des Aulnes) : écouter sur youtube (sous-titré)
poème de Johann Wolfgang von Goethe

Halt ! : écouter sur youtube
poème de Wilhelm Müller extrait du cycle Die schöne Müllerin (La belle Meunière)

Eine Mühle seh ich blicken
Aus den Erlen heraus,
Durch Rauschen und Singen
Bricht Rädergebraus.
Ei willkommen, ei willkommen,
SüàŸer Mühlengesang !
Und das Haus, wie so traulich !
Und die Fenster, wie blank !
Und die Sonne, wie helle
Von Himmel sie scheint !
Ei, Bächlein, liebes Bächlein,
War es also gemeint ?
Je vois un moulin briller
Parmi les aulnes,
À travers le murmure et le chant
Le grondement des roues fait irruption.

Sois le bienvenu, sois le bienvenu,
Doux chant du moulin !
Et la maison, comme elle est confortable,
Et la fenêtre, comme elle est brillante !

Et le soleil, comme il brille
Vivement dans le ciel.
Petit ruisseau, cher petit ruisseau,
Est-ce que tu voulais dire ?

Ungeduld (Impatience) : écouter sur youtube
poème de Wilhelm Müller extrait du cycle Die schöne Müllerin (La belle Meunière)

Ich schnitt es gern in alle Rinden ein,
Ich grüb es gern in jeden Kieselstein,
Ich möcht es sä’n auf jedes frische Beet
Mit Kressensamen, der es schnell verrät,
Auf jeden weiàŸen Zettel möcht ich’s schreiben:
Dein ist mein Herz und soll es ewig bleiben.
Ich möcht mir ziehen einen jungen Star,
Bis daàŸ er spräch die Worte rein und klar,
Bis er sie spräch mit meines Mundes Klang,
Mit meines Herzens vollem, heiàŸen Drang;
Dann säng er hell durch ihre Fensterscheiben:
Dein ist mein Herz und soll es ewig bleiben.
Den Morgenwinden möcht ich’s hauchen ein,
Ich möcht es säuseln durch den regen Hain;
Oh, leuchtet’ es aus jedem Blumenstern !
Trüg es der Duft zu ihr von nah und fern !
Ihr Wogen, könnt ihr nichts als Räder treiben ?
Dein ist mein Herz und soll es ewig bleiben.
Ich meint, es müàŸt in meinen Augen stehn,
Auf meinen Wangen müàŸt man’s brennen sehn,
Zu lesen wär’s auf meinem stummen Mund,
Ein jeder Atemzug gäb’s laut ihr kund,
Und sie merkt nichts von all dem bangen Treiben:
Dein ist mein Herz und soll es ewig bleiben.
Je voudrais le graver sur chaque écorce,
Je voudrais le sculpter dans chaque caillou,
Je voudrais le semer dans chaque plate-bande
Avec des graines de cresson qui vite le trahiront.
Sur chaque morceau de papier blanc je voudrais l’écrire :
Mon cœur est à toi et le sera pour toujours.
Je voudrais élever un jeune étourneau,
Jusqu’à ce qu’il prononce ces mots fort et clair,
Jusqu’à ce qu’il parle avec le son de ma voix,
Avec tout l’ardent désir de mon cœur,
Alors il chanterait clairement à sa fenêtre :
Mon cœur est à toi et le sera pour toujours.

Aux vents du matin je voudrais le souffler,
Je voudrais le murmurer au bois animé ;
Oh, qu’il brille au cœur de chaque fleur !
Que le parfum le porte jusqu’à elle !
Vous les flots, ne pouvez-vous bouger que la roue ?
Mon cœur est à toi et le sera pour toujours.

Je pensais, il doit être visible dans mes yeux,
Sur mes joues, on pouvait le voir brûler,
Il pouvait être lu sur mes lèvres muettes,
Chacune de mes respirations lui disait tout fort.
Et de tout ce tourment craintif elle n’a rien remarqué :
Mon cœur est à toi et le sera pour toujours !

Richard STRAUSS (2 œuvres)

Frühling (Printemps), n°1 des Quatre Derniers Lieder
poèmes de Joseph von Eichendorff : écouter sur youtube

In dämmrigen Grüften
träumte ich lang
von deinen Bäumen und blauen Lüften,
von deinem Duft und Vogelsang.
Nun liegst du erschlossen
in GleiàŸ und Zier,
von Licht übergossen
wie ein Wunder vor mir.
Du kennest mich wieder,
du lockest mich zart,
es zittert durch all meine Glieder
deine selige Gegenwart!
Dans les tombes crépusculaires
J’ai longtemps rêvé
De tes arbres et de tes ciels bleus,
De ton parfum et de tes chants d’oiseaux.
Maintenant accessible tu es là ,
Brillant et gracile,
Inondé de lumière
Comme une merveille devant moi.
Tu me reconnais,
Tu m’attires doucement,
Je frissonne de tous mes membres
De ta bienheureuse présence.

Im Abendrot (Coucher de soleil), n°4 des Quatre Derniers Lieder
poèmes de Joseph von Eichendorff : écouter sur youtube

Wir sind durch Not und Freude
Gegangen Hand in Hand,
Vom Wandern ruhen wir beide
Nun überm stillen Land.
Rings sich die Täler neigen,
Es dunkelt schon die Luft,
Zwei Lerchen nur noch steigen
Nachträumend in den Duft.
Tritt her, und laàŸ sie schwirren
Bald ist es Schlafenszeit,
DaàŸ wir uns nicht verirren
In dieser Einsamkeit.
O weiter, stiller Friede!
So tief im Abendrot,
Wie sind wir wandermüde
Ist das etwa der Tod?
À travers détresse et joie,
Nous sommes allés, main dans la main:
De notre chemin tous deux nous nous reposons
Maintenant au-dessus du pays calme.
Tout autour les vallées s’inclinent,
Déjà l’air s’assombrit
Deux alouettes encore s’élèvent
Dans les parfums annonçant la nuit.

Viens là , et laisse les voleter,
Il est bientôt temps de dormir,
Ne nous égarons pas
Dans cette solitude.

O grande et silencieuse paix !
Si profonde au coucher du soleil,
Comme nous sommes fatigués de marcher -
Est-ce un peu comme ça, la mort ?

Charles TRENET (2 œuvres)

L’âme des poètes : écouter sur youtube
poème de Charles Trenet.

Chanson d’automne : écouter sur youtube
poème de Paul Verlaine (extrait des Poèmes saturniens)

Richard WAGNER (5 œuvres)

Der Engel (L’Ange), n° 1 des Wesendonck Lieder : écouter sur youtube
poème de Mathilde Wesendonck

In der Kindheit frühen Tagen
Hört ich oft von Engeln sagen,
Die des Himmels hehre Wonne
Tauschen mit der Erdensonne,
DaàŸ, wo bang ein Herz in Sorgen
Schmachtet vor der Welt verborgen,
DaàŸ, wo still es will verbluten,
Und vergehn in Tränenfluten,
DaàŸ, wo brünstig sein Gebet
Einzig um Erlösung fleht,
Da der Engel niederschwebt,
Und es sanft gen Himmel hebt.
Ja, es stieg auch mir ein Engel nieder,
Und auf leuchtendem Gefieder
Führt er, ferne jedem Schmerz,
Meinen Geist nun himmelwärts!
Dans les premiers jours de l’enfance
J’ai souvent entendu dire des anges
Qu’ils échangeaient les sublimes joies du ciel
Pour le soleil de la terre,
Que, quand un cœur anxieux en peine
Cache son chagrin au monde,
Que, quand il souhaite en silence saigner
et s’évanouir dans un flot de larmes,
Que, quand avec ferveur sa prière
Demande seulement sa délivrance,
Alors l’ange descend vers lui
Et le porte vers le ciel.
Oui, un ange est descendu vers moi,
Et sur ses ailes brillantes
Mène, loin de toute douleur,
Mon âme vers le ciel !

Stehe still ! (Arrête-toi !), n° 2 des Wesendonck Lieder : écouter sur youtube
poème de Mathilde Wesendonck

Sausendes, brausendes Rad der Zeit,
Messer du der Ewigkeit;
Leuchtende Sphären im weiten All,
Die ihr umringt den Weltenball;
Urewige Schöpfung, halte doch ein,
Genug des Werdens, laàŸ mich sein!
Halte an dich, zeugende Kraft,
Urgedanke, der ewig schafft!
Hemmet den Atem, stillet den Drang,
Schweiget nur eine Sekunde lang!
Schwellende Pulse, fesselt den Schlag;
Ende, des Wollens ew’ger Tag!
DaàŸ in selig süàŸem Vergessen
Ich mög alle Wonnen ermessen!
Wenn Aug’ in Auge wonnig trinken,
Seele ganz in Seele versinken;
Wesen in Wesen sich wiederfindet,
Und alles Hoffens Ende sich kündet,
Die Lippe verstummt in staunendem Schweigen,
Keinen Wunsch mehr will das Innre zeugen:
Erkennt der Mensch des Ew’gen Spur,
Und löst dein Rätsel, heil’ge Natur!
Sifflant, mugissant, roue du temps,
Arpenteur de l’éternité ;
Sphères brillantes du vaste Tout,
Qui entourez le globe du monde ;
Création éternelle, arrêtez,
Assez d’évolutions, laissez-moi être !
Arrêtez, puissances génératrices,
Pensée primitive, qui crée sans cesse !
Ralentissez le souffle, calmez le désir,
Donnez seulement une seconde de silence !
Pouls emballés, retenez vos battements ;
Cesse, jour éternel de la volonté !
Pour que dans un oubli béni et doux,
Je puisse mesurer tout mon bonheur !
Quand un œil boit la joie dans un autre,
Quand l’âme se noie toute dans une autre,
Un être se trouve lui-même dans un autre,
Et que le but de tous les espoirs est proche,
Les lèvres sont muettes dans un silence étonné,
Et que le cœur n’a plus aucun souhait,
Alors l’homme reconnaît le signe de l’éternité,
Et résout ton mystère, sainte nature !

Im Treibhaus (Dans la serre), n° 3 des Wesendonck Lieder : écouter sur youtube

poème de Mathilde Wesendonck

Hochgewölbte Blätterkronen,
Baldachine von Smaragd,
Kinder ihr aus fernen Zonen,
Saget mir, warum ihr klagt?
Schweigend neiget ihr die Zweige,
Malet Zeichen in die Luft,
Und der Leiden stummer Zeuge
Steiget aufwärts, süàŸer Duft.
Weit in sehnendem Verlangen
Breitet ihr die Arme aus,
Und umschlinget wahnbefangen
à–der Leere nicht’gen Graus.
Wohl, ich weiàŸ es, arme Pflanze;
Ein Geschicke teilen wir,
Ob umstrahlt von Licht und Glanze,
Unsre Heimat ist nicht hier!
Und wie froh die Sonne scheidet
Von des Tages leerem Schein,
Hüllet der, der wahrhaft leidet,
Sich in Schweigens Dunkel ein.
Stille wird’s, ein säuselnd Weben
Füllet bang den dunklen Raum:
Schwere Tropfen seh ich schweben
An der Blätter grünem Saum.
Couronnes de feuilles, en arches hautes,
Baldaquins d’émeraude,
Enfants des régions éloignées,
Dites-moi pourquoi vous vous lamentez.
En silence vous inclinez vos branches,
Tracez des signes dans l’air,
Et témoin muet de votre chagrin,
Un doux parfum s’élève.
Largement, dans votre désir impatient
Vous ouvrez vos bras
Et embrassez dans une vaine illusion
Le vide désolé, horrible.
Je sais bien, pauvres plantes :
Nous partageons le même sort.
Même si nous vivons dans la lumière et l’éclat,
Notre foyer n’est pas ici.
Et comme le soleil quitte joyeusement
L’éclat vide du jour,
Celui qui souffre vraiment
S’enveloppe dans le sombre manteau du silence.
Tout se calme, un bruissement anxieux
Remplit la pièce sombre :
Je vois de lourdes gouttes qui pendent
Au bord vert des feuilles.

Schmerzen (Douleurs), n° 4 des Wesendonck Lieder : écouter sur youtube

poème de Mathilde Wesendonck

Sonne, weinest jeden Abend
Dir die schönen Augen rot,
Wenn im Meeresspiegel badend
Dich erreicht der frühe Tod;
Doch erstehst in alter Pracht,
Glorie der düstren Welt,
Du am Morgen neu erwacht,
Wie ein stolzer Siegesheld!
Ach, wie sollte ich da klagen,
Wie, mein Herz, so schwer dich sehn,
MuàŸ die Sonne selbst verzagen,
MuàŸ die Sonne untergehn?
Und gebieret Tod nur Leben,
Geben Schmerzen Wonne nur:
O wie dank ich, daàŸ gegeben
Solche Schmerzen mir Natur!
Soleil, tu pleures chaque soir
Jusqu’à ce que tes beaux yeux soient rouges,
Quand, te baignant dans le miroir de la mer
Tu es saisi par une mort précoce ;
Mais tu t’élèves dans ton ancienne splendeur,
Gloire du monde obscur,
Éveillé à nouveau au matin,
Comme un fier héros vainqueur !
Ah, pourquoi devrais-je me lamenter,
Pourquoi, mon cœur, devrais-tu être si lourd,
Si le soleil lui-même doit désespérer,
Si le soleil doit disparaître ?
Et si la mort seule donne naissance à la vie,
Si la douleur seule apporte la joie,
Oh, comme je suis reconnaissant
Que la Nature m’a donné de tels tourments !

Träume (Rêves), n° 5 des Wesendonck Lieder : écouter sur youtube

poème de Mathilde Wesendonck

Sag, welch wunderbare Träume
Halten meinen Sinn umfangen,
DaàŸ sie nicht wie leere Schäume
Sind in ödes Nichts vergangen?
Träume, die in jeder Stunde,
Jedem Tage schöner blühn,
Und mit ihrer Himmelskunde
Selig durchs Gemüte ziehn!
Träume, die wie hehre Strahlen
In die Seele sich versenken,
Dort ein ewig Bild zu malen:
Allvergessen, Eingedenken!
Träume, wie wenn Frühlingssonne
Aus dem Schnee die Blüten küàŸt,
DaàŸ zu nie geahnter Wonne
Sie der neue Tag begrüàŸt,
DaàŸ sie wachsen, daàŸ sie blühen,
Träumend spenden ihren Duft,
Sanft an deiner Brust verglühen,
Und dann sinken in die Gruft.
Dis, quels rêves merveilleux
Tiennent mon âme prisonnière,
Sans disparaître comme l’écume de la mer
Dans un néant désolé ?
Rêves, qui à chaque heure,
Chaque jour, fleurissent plus beaux
Et qui avec leur annonce du ciel,
Traversent l’air heureux mon esprit ?
Rêves, qui comme des rayons de gloire,
Pénètrent l’âme,
Pour y laisser une image éternelle :
Oubli de tout, souvenir d’un seul.
Rêves, qui comme le soleil du printemps
Baise les fleurs qui sortent de la neige,
Pour qu’avec un ravissement inimaginable
Le nouveau jour puisse les accueillir,
Pour qu’elles croissent et fleurissent,
Répandent leur parfum, dans un rêve,
Doucement se fanent sur ton sein,
Puis s’enfoncent dans la tombe.

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