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Piotr Ilitch Tchaïkovski
Biographie

« Le plus occidental des Russes »

Piotr Ilitch Tchaïkovski en bref

Nom Tchaïkovski
Prénom Piotr Ilitch

Naissance 25/04/1840, à Votkinsk (Russie)
Décès 06/11/1893, à Saint Pétersbourg / Petrograd (Russie)

Nation Russie
Époque musicale Romantique

Pressé(e) ? Découvrez la biographie courte de Tchaïkovski

Enfance, études

Né le 25 avril 1840 (7 mai 1840 dans le calendrier grégorien) à Votkinsk (Oural, Russie), Piotr Ilitch Tchaïkovski est le deuxième fils d’un ingénieur des mines et d’une mère d’origines françaises (c’est la fille du marquis André d’Assier). Le père, mélomane, initie Tchaïkovski à la musique. Dès son plus jeune âge, et comme la plupart des grands compositeurs, l’enfant montre des dons musicaux hors du commun. Son institutrice, une Suissesse (que de "s"), lui donne une éducation essentiellement française et favorise ses dons musicaux.

À huit ans, Tchaïkovski s’installe avec sa famille à Moscou puis il est envoyé à Saint-Pétersbourg pour y étudier le droit. Il reçoit ses premiers cours de piano à l’école Schmelling. En juin 1854, sa mère décède lors d’une épidémie de choléra et Piotr en reste inconsolable.

En 1859, Tchaïkovski entre comme secrétaire au ministère de la justice mais envisage sérieusement de faire de la musique son métier. À la suite de revers financiers de son père, il entretient temporairement la famille jusqu’en 1862 alors qu’il aurait aimé devenir immédiatement compositeur. Il se met à étudier la composition auprès d’Anton Rubinstein, pour lequel il éprouvera toujours une vive admiration.

Tchaïkovski s’inscrit dès l’année suivante au conservatoire et renonce à sa carrière de juriste mais connait alors des difficultés financières importantes et mène une vie presque miséreuse. Il continue à prendre des cours de piano, de composition et d’harmonie. Rubinstein présente son jeune protégé à tous ses amis.

Comme les membres du Groupe des Cinq, Tchaïkovski n’a donc pas commencé d’emblée une carrière dans la musique mais, contrairement à eux, ce n’est pas un amateur puisqu’entre 20 et 25 ans, il a reçu une solide formation classique, éblouissant par son talent tous ses professeurs.

Début de carrière musicale

En 1865, Nicolas Rubinstein, le frère d’Anton, crée le Conservatoire de Moscou (qui porte aujourd’hui le nom de Tchaïkovski) et invite le musicien à y enseigner l’harmonie, poste que le jeune homme acceptera malgré la modeste rémunération. Ce dernier compose maintenant sa Première symphonie, ”Rêves d’hiver”. Anton Rubinstein est très critique, tandis que le fameux Groupe des Cinq (rencontré en 1868) accueille avec enthousiasme cette symphonie qui a une âme russe. Deux opéras, Voïevode et Ondine, ont moins de succès mais, peu à peu, Tchaïkovski se forge une solide réputation dans le milieu musical.

Il noue avec Mili Balakirev une solide amitié et compose alors la fantaisie-ouverture Roméo et Juliette, qui oppose le thème de l’amour à celui de la discorde et de la haine divisant les familles des Capulet et des Montaigu (écouter la fin). Entre 1869 et 1875, la carrière de Tchaïkovski prend un essor formidable. Il compose un nombre très important d’œuvres. Le musicien loge chez Nicolas Rubinstein mais n’est pas à l’aise car cette maison est ouverte à de nombreux habitués et il aspire à un univers plus calme. Toute sa vie, il ne sera jamais vraiment chez lui.

En 1871, il termine son Premier quatuor à cordes qui sera couronné de succès. En 1873, il compose La tempête, pour orchestre. Opritchnik est un opéra qui sera également apprécié par le public mais férocement attaqué par la critique. Tchaïkovski profite de ses quelques succès pour voyager en Europe et améliorer ainsi sa santé nerveuse fragile. De passage à Weimar, il aura l’occasion d’entendre la tétralogie de Richard Wagner qu’il trouvera fatigante et emphatique.

Les années suivantes sont une intense période créatrice. Il compose les Quatuors à cordes n° 2 et n° 3, son célèbre Concerto pour piano n°1 (écouter le début), l’un des plus joués du répertoire, et Vakula le forgeron, un autre opéra. En 1875, il commence sa Troisième symphonie.

Un concerto bien mal parti

Quand, en 1874, il compose son Concerto pour piano n° 1, il le dédicace à Nicolas Rubinstein. Lequel (par jalousie ?) déclarera cette pièce "si mauvaise qu’elle lui donne la nausée!". Blessé et irrité, Tchaïkovski supprimera la dédicace et l’enverra à Hans Guido von Bülow qui fera de l’œuvre un triomphe jamais démenti depuis (ah bien fait non mais c’est vrai quoi !). Rubinstein présentera ses excuses et en fera un de ses morceaux de concert favori.

Bonnes et mauvaises fortunes

En 1876, Tchaïkovski correspond avec la très riche Madame von Meck à la suite d’une commande (un arrangement pour violon et piano) qu’elle lui avait passée. Cette correspondance deviendra un amour par correspondance. Par accord tacite, ils ne se rencontreront jamais. Elle met ses propriétés à sa disposition mais s’éclipse juste avant son arrivée. Cette solution arrange Tchaïkovski qui évite de s’engager dans une relation incompatible avec son homosexualité.

C’est à Madame von Meck qu’il dédie une de ses œuvres majeures : la Symphonie n° 4. Il est au sommet de son art. Une jeune femme, Antonina Ivanovna Milioukova, lui envoie des lettres d’amour enflammées et Tchaïkovski accepte de la rencontrer après qu’elle ait menacé de se donner la mort s’il refusait. Le compositeur lui fera une proposition de mariage, pensant ainsi se ”guérir” de son homosexualité, considérée alors comme une maladie. Célébré en juillet 1877, ce mariage sera immédiatement catastrophique, au point que le musicien tente de se suicider. Tchaïkovski trouve tous les prétextes pour s’éloigner de son épouse et il est psychologiquement très atteint. Ils se sépareront peu de temps après grâce à l’entremise de Nicolas Rubinstein.

La même année, il compose néanmoins sur commande du Théâtre Bolchoï son premier ballet, Le Lac des cygnes (écouter le final), où il renouvelle l’écriture du genre jusqu’alors confiée à des spécialistes. Aujourd’hui très célèbre, l’œuvre créée en mars 1877 sera alors un échec. Tchaïkovski se sent poursuivi par le sentiment d’une implacable fatalité : son homosexualité. La création du Lac des cygnes et les représentations qui suivent sont une cruelle humiliation pour le compositeur qui la vit comme une nouvelle malédiction. Le ballet est retiré de l’affiche et tombe dans l’oubli durant dix-huit ans. Il faut attendre la reprise de la chorégraphie par Marius Petipa en 1895 pour redonner au Lac des cygnes la place qui lui revient. L’accueil réservé reçu pour cette œuvre et bien d’autres a pour effet de rendre leur auteur encore plus dépressif.

Il trouvera cependant la force d’achever son opéra Eugène Onéguine. En mars 1878, lors d’un voyage en Suisse, il est fasciné par la Symphonie espagnole d’Édouard Lalo et décide de composer un concerto pour violon : ce sera le superbe Concerto en ré majeur (écouter le final). Le violoniste dédicataire ayant refusé de le jouer à cause de sa difficulté, la première n’aura lieu qu’en 1881.

Une généreuse mécène

La riche Mme von Meck, grande admiratrice de Tchaïkovski, ne se contente pas de lui manifester son admiration et son affection par correspondance, elle lui alloue une bourse qui le mettra à l’abri des soucis financiers pendant 13 ans. Cette idylle platonique cesse quand elle lui annonce en 1890 qu’elle est ruinée et ne peut plus lui verser sa pension, et elle cesse leur relation "postale". En réalité, elle a appris l’homosexualité de Tchaïkovski et, blessée dans son idéal, rompt avec le musicien, lequel garde cependant son admiration.

Plus tard, ayant engagé le jeune Achille Claude Debussy (1862-1918) comme professeur de musique de ses enfants, elle lui demandera de lui jouer au piano (car il est un excellent lecteur capable de réduire à vue des partitions d’orchestre) les œuvres de son ancien protégé. Elle lui fera aussi découvrir Moussorgski et Rimski-Korsakov : Debussy en sera profondément influencé.

Tournées européennes

En 1886, Tchaïkovski effectue une tournée dans le Caucase où il obtient des succès extraordinaires qui le bouleversent. Il s’essaye à la direction d’orchestre non sans une certaine réussite. Il dirigera avec succès plusieurs de ses œuvres en 1887 à Saint-Pétersbourg et Moscou. En 1888, il entame une série de concerts européens, à Londres, à Hambourg, à Prague, à Paris, à Berlin... partout acclamés, et qui lui permettra de rencontrer Johannes Brahms, Edvard Grieg, Antonin Dvorak, Charles Gounod, Gabriel Fauré... Toujours en en 1888, le tsar lui accorde une rente confortable.

Ayant retrouvé tous ses moyens artistiques, Tchaïkovski compose, en collaboration avec le chorégraphe Marius Petipa, véritable créateur du ballet romantique, son deuxième ballet La Belle au Bois Dormant (1889 : écouter la Valse) qui n’aura cependant pas le succès espéré. Au cours de ses dernières années, le musicien écrit aussi Casse-Noisette, sans doute le plus célèbre de ses ballets, ainsi que Iolenta, son ultime opéra. Il part pour une tournée de concerts aux États-Unis et reçoit un accueil chaleureux à Carnegie Hall le 5 mai 1891. Mais il est à nouveau assailli par les doutes et les pires angoisses bien qu’en 1892, Casse-Noisette fasse un triomphe.

Une fin pathétique

Le 6 novembre 1893, à 53 ans, Tchaïkovski meurt du choléra à Saint Pétersbourg après avoir bu de l’eau de la Neva non bouillie. Certains pensent, sans preuve, qu’il s’est suicidé ou a été empoisonné suite à la dénonciation publique de son homosexualité. Il aurait en effet eu une relation avec le neveu d’une noble russe. Pourtant et à l’encontre de cette thèse, on l’honorera par des funérailles nationales auxquelles assisteront près de 8000 personnes.

Il venait de terminer sa Sixième Symphonie, dite « Pathétique » parce qu’elle se clôt par une déchirante lamentation (écouter la fin). Lui-même estimait qu’il s’agissait de la meilleure œuvre qu’il ait jamais composée et dans laquelle il avait mis "toute son âme". Cependant, le 28 octobre, pour la première, le succès escompté était bien loin : encore un coup du sort !

Le langage musical de Tchaïkovski a été fortement influencé par les romantiques allemands et Hector Berlioz pour l’orchestration, mais son œuvre est également porteuse de la tradition russe initiée par Mickaïl Ivanovitch Glinka. D’une sensibilité très vive, sa musique est mélodique et richement orchestrée. Pour certains critiques, elle paraît parfois d’une réalisation un peu facile. Néanmoins Tchaïkovski est le maître de toute une génération de musiciens russes et compte parmi les rares compositeurs qui n’ont pas été étouffés par l’aura de Wagner.

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