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André Jolivet
Biographie

« La puissance de l’incantation »

André Jolivet en bref

Nom Jolivet
Prénom André

Naissance 08/08/1905, à Paris (France)
Décès 20/12/1974, même ville

Nation France
Époque musicale Contemporaine

Pressé(e) ? Découvrez la biographie courte de Jolivet

Enfance et formation

André Jolivet naît à Paris 8 août 1905 d’un père peintre et d’une mère pianiste. Il commence le piano à quatre ans avec sa mère mais ses premières grandes passions seront la peinture et le théâtre (il commence à fréquenter la Comédie-Française à l’âge de 12 ans !). Sa famille d’artistes le verrait bien fonctionnaire. C’est ainsi qu’il entre à l’École Normale d’Instituteurs et devient, en 1927, enseignant à la Ville de Paris. Mais le destin est capricieux : la même année, grâce au peintre Georges Valmier, il fait la connaissance du compositeur Paul Le Flem (qui est critique musical à la revue Comœdia, celle-là même qui fut à l’origine du Groupe des Six : comme le monde est petit !). Cette rencontre décisive va l’orienter vers la musique.

Entre 1927 et 1932, Le Flem lui enseigne l’écriture et la composition ; il lui fait découvrir les polyphonistes du XVIème, mais aussi Béla Bartók, Alban Berg et Arnold Schönberg et surtout Edgar Varèse. Celui-ci lui donne des cours d’orchestration de 1930 à 1933 et l’initie au « son matière ». Ces rencontres marquent profondément Jolivet et bouleverse radicalement son approche de la musique, ainsi qu’en 1931 la visite de l’Exposition Coloniale qui lui fait découvrir la richesse des cultures musicales extra européennes. Son ambition est alors de restituer à la musique « son sens originel antique, lorsqu’elle était l’expression magique et incantatoire de la religiosité des groupements humains ».

C’est sans doute sa curieuse formation musicale avec Le Flem et Varèse qui explique le dualisme de Jolivet. Difficile en effet d’imaginer deux professeurs aux personnalités aussi éloignées : le premier lui enseigne la rigueur et la discipline, le second l’initie au sens de la démesure. Ainsi le parcours du musicien a-t-il plusieurs fois bifurqué. On peut approximativement le diviser en trois périodes.

La période "incantatoire" (avant 1940)

Cette première manière est marquée par une intense recherche qui se traduit par la complexité et l’audace de son écriture. D’un caractère souvent agressif, elle s’inscrit dans un cadre modal très libre. En 1935, avec Mana (6 pièces pour piano : écouter L’oiseau), Jolivet a établi son langage personnel et s’impose dans le milieu musical. Très ouvert aux innovations, il est l’un des premiers à écrire pour un nouvel instrument de musique : les ondes Martenot.

Il élargit peu à peu son cercle de connaissances. En 1936, il fonde le groupe Jeune France avec Daniel-Lesur, Yves Baudrier et Olivier Messiaen. Leur but est de « propager une musique vivante dans un même élan de sincérité, de générosité, de conscience artistique » (premier concert le 3 juin 1936 à la salle Gaveau). Cette même année, il compose les Cinq Incantations pour flûte seule qui est une œuvre très représentative de sa première période (écouter le début de la n° 5).

Pendant la guerre

Mobilisé en 1939, il part au combat et reçoit une médaille. De retour en 1941, il reprend sa place dans la vie musicale française. Mais l’expérience de la guerre l’a marqué. Elle lui inspire une musique plus accessible au grand public, écrite dans un langage plus simple, notamment la Petite suite (1941) et les Pastorales de Noël (1943 : écouter le début). Dans ces pièces, il s’attache à faire œuvre de « musique française », prenant Rameau comme référence, et il revendique aussi l’héritage d’Achille Claude Debussy, notamment de sa Sonate pour flûte, alto et harpe.

Après la guerre

La dernière période débute après guerre. Elle effectue l’alchimie entre toutes les composantes des débuts, c’est-à -dire entre primitivisme et sophistication, complexité et simplicité, audace et tradition. Souvent modale, aux sonorités et aux rythmes audacieux, la musique de Jolivet se caractérise par son énergie et des accents venus d’ailleurs. Il se consacre surtout à la forme du concerto : il en compose pas moins de 12 pour toutes sortes d’instruments (ondes Martenot, flûte, piano, harpe, basson, trompette, percussions, violoncelle, violon). Son Concerto pour trompette. (1954) est le 7ème (écouter la fin du 1er mvt). Il écrit aussi trois symphonies en 1953, 1959 et 1964 (écouter le début de la n° 2).

Parallèlement à son activité de compositeur, André Jolivet mène une vie sociale bien remplie. En 1945, il est nommé Directeur de la Musique à la Comédie-Française. Au cours des années 1950 et 1960, il fait de nombreux voyages dans le monde entier, invité à diriger des concerts de ses œuvres mais aussi de ses contemporains, et à donner des conférences. En 1959, il est nommé conseiller technique à la Direction Générale des Arts et des Lettres. En 1966, il reprend la classe de composition au Conservatoire de Paris. Reconnu mondialement, il décède à Paris le 20 décembre 1974.

Bilan

Des leçons de Varèse, Jolivet gardera toujours un penchant pour le travail sur le timbre. Sur le plan des systèmes de hauteurs, il forge souvent de toutes pièces ses propres échelles ou emprunte aux modes traditionnels (voir notre dossier Qu’est-ce qu’un mode) : liturgiques, à transposition limitée, antiques et même hindous.

Cependant, il s’attachera toujours à composer une musique à la fois lyrique et pleine d’énergie, privilégiant l’émotion sur la virtuosité, la dimension humaine sur la recherche théorique.

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