Chargement…

Antonio Vivaldi
Biographie

« Il prete rosso »

Antonio Vivaldi en bref

Nom Vivaldi
Prénom Antonio

Naissance 04/03/1678, à Venise (Italie)
Décès 28/07/1741, à Vienne (Autriche)

Nation Italie
Époque musicale Baroque

Pressé(e) ? Découvrez la biographie courte de Vivaldi

La musique du baroque tardif (début XVIIIe siècle) est riche de compositeurs célèbres : Georg Philipp Telemann, Johann Sebastian Bach et Georg Friedrich Haendel pour l’Allemagne ; Jean-Philippe Rameau et François Couperin pour la France ; Domenico Scarlatti et Antonio Vivaldi pour l’Italie.

Enfance et premières années

Né le 4 mars 1678 à Venise, Antonio Vivaldi est le fils d’un violoniste lui-même compositeur. Il est l’aîné de 6 enfants. Il est destiné à la prêtrise. Il apprend le violon avec son père qu’il remplace de temps à autre à la basilique. Ordonné prêtre le 23 mars 1703, Antonio souffre d’une maladie, certainement de l’asthme, qui le dispense de dire la messe (voir ci-dessous). Il s’adonne alors à la musique (à cette époque, cela n’est pas encore inconvenant pour un prêtre).

En septembre 1703, Vivaldi est engagé comme maître de violon à l’Ospedale della Pietà , sorte d’orphelinat pour jeunes filles. Une partie d’entre elles recevait une éducation spécifiquement musicale et il est incontestable que certaines avaient beaucoup de talent. De très bons concerts y sont donnés régulièrement. Il y est nommé maître de violon puis maître de composition.

Frédéric IV, roi du Danemark, assiste en 1708 à un concert donné par Vivaldi qui commence à se tailler une bonne réputation. Ses concertos sont aussi donnés dans différentes églises de Venise. Vivaldi est également un virtuose du violon et il impressionne de nombreux témoins de l’époque.

Un prêtre pas très catholique

Et oui ! Le célèbre auteur des Quatre saisons était prêtre : c’est sa chevelure flamboyante et son tempérament volcanique qui lui ont donné son surnom Il prete rosso (le "prêtre roux"). Plus intéressé par la musique que par le service religieux, il quitta un jour l’office précipitamment pour noter un thème. Convoqué par le tribunal de l’inquisition, il prétexta des crises d’asthme. Il fut condamné à ne plus dire la messe...ce qui l’arrangeait plutôt !

Carrière

En 1709, Vivaldi n’est pas reconduit dans son poste à l’Ospedale della pieta. On peut penser que son poste avait été supprimé car il y est à nouveau nommé en 1711. En 1716, on lui donne le poste de "maestro di concerti" où il peut alors s’adonner à la composition de musique religieuse. Pratiquement toutes les œuvres de cette période sont perdues.

Ses talents de violoniste et de compositeur le font connaître dans tous les milieux de Venise, plaque tournante de la musique européenne. La popularité de Vivaldi s’est maintenant étendue au-delà de l’Italie. En 1711, il confie l’édition de ses compositions à Étienne Roger, célèbre éditeur d’Amsterdam grâce à une qualité de reproduction unique à cette époque. Son opus 3, L’Estro Armonico, recueil de douze concertos pour violon, obtient du succès dans une bonne partie de l’Europe du Nord. Une copie parviendra jusqu’à Johann Sebastian Bach qui en transcrit une partie pour claviers. En 1714, Vivaldi publie La Stravaganza, autre recueil de concertos pour violon. La popularité dont il jouissait est démontrée par le fait qu’Étienne Roger lui commandera les opus 5, 6 et 7 et les fera graver à ses frais.

À partir de 1718, Vivaldi entame une longue période de voyages pour répondre à des commandes du Nord de l’Italie. Il reste néanmoins attaché au service de l’Ospedale et y officie à chaque retour. De 1718 à 1720, il est à Mantoue. De 1723 à 1725, il est à Rome où il passe plusieurs saisons et a deux fois l’occasion de jouer devant le Pape. De 1726 à 1728, il séjourne pour la deuxième fois à Venise. Il aura là l’occasion de se consacrer au théâtre. Sa popularité est au zénith. Il dédie son opus 8 : Il cimento dell’armonia e dell’invenzione (dans lequel figurent les Quatre Saisons) au comte Morzin.

Les Quatre saisons firent un triomphe à travers l’Europe y compris à Paris en 1725. L’opus 10, La Cetra, est dédié en 1728 à l’empereur d’Autriche Charles VI. Les œuvres de Vivaldi sont toujours publiées à Amsterdam mais il estime qu’il gagnerait davantage à les vendre lui-même ce qui expliquera malheureusement la perte de nombre de partitions. En 1733, Vivaldi joue pour Charles VI à Vienne. En 1738, il joue au théâtre Schouwburg à Amsterdam. Il interprète les concertos qui ont fait son succès.

De charmantes pensionnaires et un prodigieux vieillard

De passage à Venise en 1739, Charles de Brosses nous livre de précieux témoignages :

- sur la musique dans les Ospedale : « La musique transcendante ici est celle des hôpitaux. Il y en a quatre, tous composés de filles bâtardes ou orphelines, et de celles que leurs parents ne sont pas en état d’élever. Elles sont élevées aux dépens de l’État, et on les exerce uniquement à exceller dans la musique. Aussi chantent-elles comme des anges, et jouent du violon, de la flûte, de l’orgue, du hautbois, du violoncelle, du basson ; bref, il n’y a si gros instrument qui puisse leur faire peur. Elles sont cloîtrées en façon de religieuses. Ce sont elles seules qui exécutent, et chaque concert est composé d’une quarantaine de filles. Je vous jure qu’il n’y a rien de si plaisant que de voir une jeune et jolie religieuse, en habit blanc, avec un bouquet de grenades sur l’oreille, conduire l’orchestre et battre la mesure avec toute la grâce et la précision imaginables. Leurs voix sont adorables pour la tournure et la légèreté ; car on ne sait ici ce que c’est que rondeur et sons filés à la française. (…) Celui des quatre hôpitaux où je vais le plus souvent et où je m’amuse le mieux, c’est l’hôpital de la Piété ; c’est aussi le premier pour la perfection des symphonies. »

- sur le maestro : « Vivaldi s’est fait de mes amis intimes pour me vendre des concertos bien cher. Il y a en partie réussi, et moi, à ce que je désirais, qui était de l’entendre et d’avoir souvent de bonnes récréations musicales : c’est un vieillard, qui a une furie de composition prodigieuse. Je l’ai ouï se faire fort de composer un concerto, avec toutes ses parties, plus promptement qu’un copiste ne le pourrait copier. J’ai trouvé à mon grand étonnement, qu’il n’est pas aussi estimé qu’il le mérite en ce pays-ci, où tout est de mode, où l’on entend ses ouvrages depuis trop longtemps, et où la musique de l’année précédente n’est plus de recette. »

Triste fin de vie

En mars 1738, il rentre à Venise et apprend que son poste lui a été définitivement retiré. Il décide alors de quitter défitivement Venise où sa personnalité fantasque est entâchée par des ragots malveillants (son extravagance naturelle ne facilite pas les choses). Cette mauvaise presse entretenue par ses ennemis (notamment Benedetto Marcello, rival jaloux) explique sans doute l’oubli rapide dont il fut victime en Italie.

Après un passage à Dresde où il joue les fameux "concertos de Dresde", dont l’instrumentation est particulièrement recherchée (écouter le début du RV 576) il gagne Vienne en 1740 où il espère faire jouer ses opéras et gagner les faveurs de l’Empereur Charles VI. Malheureusement, celui-ci décède avant son arrivée : son deuil interdisait toute représentation.

Sans protecteur ni ressources assurées, Vivaldi meurt à Vienne le 28 juillet 1741 d’une "inflammation interne" (terme de l’époque) pauvre et presque oublié de tous. Néanmoins il eut le droit à une messe de requiem à la cathédrale de Saint-Étienne dans laquelle chantait, parmi les choeurs, le jeune Joseph Haydn. « Il avait gagné en un temps plus de 50 000 ducats, mais sa prodigalité désordonnée l’a fait mourir pauvre à Vienne » : telle est l’épitaphe peu élogieuse retrouvée plus tard dans des archives vénitiennes.

Œuvre

Reconnu comme un prodigieux virtuose du violon, Vivaldi est engagé comme maître de musique de l’Ospedale della Pieta, le plus important des quatre hospices de Venise, où les jeunes filles reçoivent une éducation musicale poussée. Disposant à volonté de ces musiciennes chevronnées, il peut laisser libre cours à sa créativité et compose pour tous les instruments près de cent sonates (écouter le 4ème mvt de la Sonate pour hautbois et continuo en ut m, RV53) et plus de 400 concertos (écouter le 1er mvt du Concerto en la M, RV158). Son étonnante inventivité fait mentir le mot de Stravinski : « Vivaldi n’a pas composé 400 concertos mais 400 fois le même concerto ».

On reconnaît à Vivaldi le génie de l’orchestration, c’est-à -dire de la couleur orchestrale : il choisissait avec soin les timbres et recherchait leur équilibre, inventa des associations d’instruments inédites (notamment dans les concertos de Dresde où il préfigure la symphonie classique : voir plus haut), utilisa l’un des premiers les effets de crescendo : c’est, à ce titre, un précurseur.

À 35 ans, il aborde l’opéra et en composera une cinquantaine (écouter le Chœur et air du Printemps extrait de Dorilla in Tempe, 1726, exemple d’auto-citation, procédé fréquent à l’époque). Ajoutons à cela une cinquantaine d’œuvres religieuses (écouter Gloria et Pax in terris du Gloria RV 589, c. 1700).

Haendel, lors de son séjour à Venise, reconnaîtra le génie de Vivaldi.

Oubli et redécouverte

Ce n’est qu’au début du XXe siècle qu’il est redécouvert et, à partir des années 1950, il devient l’un des compositeurs les plus populaires de la musique classique. D’une prodigieuse facilité, il se vantait de pouvoir composer un concerto en moins de temps qu’il n’en fallait à son copiste pour le transcrire. Ses œuvres, vives et enjouées, constituent une bonne introduction à la musique baroque.

Son œuvre comporte certes beaucoup de redites et de formules toutes faites, mais aussi des merveilles d’invention, de fraîcheur, de poésie et de vivacité. C’est sans doute pourquoi il occupe une telle place dans les rayons des disquaires, dans les concerts… et dans la publicité.

Plus d’informations sur Symphozik : Cet étonnant âge « baroque »

Les manuscrits de Turin

La Bibliothèque Universitaire de Turin possède la plus importante collection de partitions autographes de Vivaldi. L’histoire de son acquisition est elle-même si extraordinaire qu’on pourrait la croire tirée d’un roman.

En 1926, le recteur d’un modeste collège voulut entreprendre des travaux de réparation dans son établissement. Il eut l’idée, pour financer l’opération, de vendre de vieux ouvrages de musique que possédait la bibliothèque du collège. Afin de connaître le prix qu’il pourrait en tirer, il soumit leur expertise au musicologue et directeur de la Bibliothèque Universitaire de Turin.

Il s’avéra que, parmi les volumes de la collection, 14 rassemblaient des partitions de Vivaldi, musicien alors peu connu du grand public ; il y avait aussi des œuvres d’autres compositeurs. Soucieux de ne pas voir disperser une collection aussi exceptionnelle, on trouva une solution pour la faire acquérir par la Bibliothèque de Turin. Après examen des manuscrits vivaldiens, on découvrit que, selon toute évidence, ceux-ci faisaient partie d’une collection plus importante. Grâce à l’aide de généalogistes, on identifia en 1930 le possesseur des autres volumes de la collection initiale qui comptait 13 nouveaux volumes d’œuvres de Vivaldi.

Les deux fonds ainsi rassemblés contenaient 30 cantates profanes, 42 pièces sacrées, 20 opéras, 307 pièces instrumentales et l’oratorio Juditha triumphans, soit un total de 450 pièces dont la quasi-totalité de la musique d’opéra.

Les musicologues ne purent exploiter rapidement cette découverte exceptionnelle, car le directeur de la Bibliothèque de Turin, auquel les droits d’étude et de publication avaient été expressément réservés, était juif et comme tel, interdit d’activité par les lois raciales de l’Italie fasciste. C’est donc seulement après la Seconde Guerre mondiale que ce fantastique ensemble de manuscrits put enfin être exploité.

Ressources liées pour Antonio Vivaldi

Sélection de chefs-d’œuvre Concerto pour deux violoncellesDixit DominusGloriaLa notteLes Quatre saisons
Sélection d’œuvres à découvrir Concerto pour deux trompettesConcerto pour MandolineFarnaceGriseldaKyrie rv 587
Références Liste des opusOpéras

Commentaires des internautes

Poster un message
♪♬♪♩♪♪