Quatrième mouvement de la Septième symphonie de Mahler, la seconde Nachtmusik, composée en 1904, mérite plus et mieux que le sort généralement réservé à cette symphonie déroutante par son manque d’harmonie (ne parlons même pas de cohérence, cela n’aurait pas de sens).
Le deuxième nocturne de cette symphonie est à lui seul une œuvre dans l’œuvre où se remarquent aussi le sombre premier mouvement avec sa coda faussement triomphale et la première Nachtmusik qui a une parenté évidente avec le mouvement alpestre de la Sixième symphonie. Mais c’est la deuxième Nachtmusik qui retient surtout l’attention, cette sorte d’Andante amoroso, où les parties confiées à la guitare et à la mandoline laissent soudainement place à une romance où les violons jouent ce qui fut sans doute l’un des plus beaux joyaux musicaux de Mahler, et l’on regrette presque qu’il n’ait pas toujours su lui-même reconnaître la saisissante beauté de ces morceaux sentimentaux bien moins ironiques qu’il ne voulait le laisser paraître là où il voulait qu’ils fussent placés. On se laisse alors porter par cet air qui nous vient comme un cadeau dans le grand flot musical qui l’environne et qui précède le très déconcertant finale qui se plaque là en totale opposition avec les quatre premiers mouvements.
Si ce finale était isolé, il retiendrait sans doute plus l’attention. C’est peu de dire que cette œuvre souffre d’une absence d’unité musicale. L’aspect lugubre du tout début ne trouve pas sa résolution dans le côté pompeux et dynamique du finale, où l’on devine au contraire une sorte d’humour moqueur à l’égard de ce qui pourrait ressembler à un air victorieux. Aussi faudrait-il parfois écouter la sublime deuxième Nachtmusik séparément du reste de la symphonie, et tant pis si cela paraît sacrilège ou iconoclaste. Mahler a eu du mal à donner une unité à cette symphonie qui reste composite de quelque manière que l’on prenne les choses.
L’introduction se suffit à elle-même, et il en va de même pour les deux nocturnes symphoniques. Mais, bien sûr, nous ne voudrions être privés d’aucun des cinq mouvements qui forment la Septième symphonie.
Par François Sarindar, auteur de : Lawrence d’Arabie. Thomas Edward, cet inconnu