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Curiosités à propos de la Symphonie

azerty (†), le 27/02/2014

Y a-t-il une malédiction de la 9ème symphonie ?

La malédiction de la 9ème symphonie est la crainte superstitieuse née après le décès de Ludwig van Beethoven, qu’un compositeur ne meure après avoir composé sa neuvième symphonie (ou une symphonie portant le numéro 9). Les principaux exemples de cette "malédiction", en plus de Beethoven, sont Franz Schubert, Antonin Dvořák, Anton Bruckner et Gustav Mahler. Et de fait, avant Dimitri Chostakovitch au XXe siècle, aucun grand symphoniste ne composera plus de neuf symphonies.

Le plus célèbre exemple de cette superstition est Gustav Mahler. Après sa Symphonie n° 8 (1907), craignant de s’attaquer à une Neuvième, il compose Das Lied von der Erde (Le Chant de la terre, 1909, qualifié en sous-titre de « symphonie pour contralto, ténor et grand orchestre »). Après avoir achevé cette œuvre symphonique sans la comptabiliser en tant que symphonie, il compose sa Symphonie n° 9 (1910 : en fait sa dixième) considérant avoir trompé le sort. Cette symphonie fut cependant la dernière qu’il put achever, puisqu’il mourut durant la composition de la Symphonie n° 10 (1910).

Il est aussi possible de voir en cette « malédiction » une sorte de fascination beethovénienne : tous les musiciens d’envergure du XIXe se mesurent à l’aune du Maître. Outre la 9ème, le Concerto pour violon a marqué les compositeurs qui se confrontaient au genre : Johannes Brahms et Piotr Ilitch Tchaikovski ne composent eux aussi qu’un seul concerto... en ré majeur, comme leur aîné. Et, même au-delà du XIXe siècle, l’ombre de Beethoven étreint chaque compositeur, qui doit lutter pour espérer franchir l’au-delà musical que le maître de Bonn a repoussé si loin et avec tant de force...

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Quel compositeur a écrit le plus long mouvement de symphonies ?

Déjà , Beethoven avait écrit plus de 24 mn de musique d’affilée pour le 4ème mouvement de sa 9ème symphonie.

Mais c’est Mahler qui détient le record : le 1er mouvement de sa Symphonie n° 3 (1896) dure plus de 32 mn !

Quel compositeur a écrit le plus de symphonies ?

C’est le Finlandais Leif Segerstam, personnalité fantasque et hyperactive : en août 2009, il en est à 225 numéros !

Dans le passé, Ignaz Holzbauer (1711-1783) en aurait écrit près de 200 pour le fameux orchestre de Mannheim (130 ont été retrouvées, mais ce sont plutôt des sinfonias et des divertimentos).

Puis viennent Havergal Brian (1976-1972 : 132 numéros) et Joseph Haydn qui est le véritable créateur du genre (1732-1809 : 106 numéros).

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Les Français savent-ils écrire des symphonies ?

Il faut bien reconnaître que la symphonie est une forme typiquement germanique. C’est Joseph Haydn (un Autrichien) qui l’a inventée et codifiée (il en a composé 106 : écouter le 1er mvt de la n° 104 dite « Londres ») et Wolfgang Mozart l’a suivi avec 41 symphonies (écouter la fin du 1er mvt de la Symphonie n° 25). En France, François-Joseph Gossec et Étienne Nicolas Méhul se sont modestement glissés dans leurs pas. Un peu plus tard, Ludwig van Beethoven commence à faire éclater la forme dans sa 9ème symphonie par la durée (près de 70 mn) et le nombre des exécutants (il ajoute même des solistes et des chœurs dans le 4ème mvt).

Ce sont encore des Allemands et des Autrichiens qui enrichiront le répertoire tout au long du XIXe et du XXe siècles : Schubert (écouter la n°8 « inachevée » : fin 1er mvt), Mendelssohn (écouter la n°3 « Écossaise » : fin 2ème mvt), Schumann (écouter la n° 3 « Rhénane » : final), Bruckner (écouter la n° 7 : fin de l’adagio), Brahms (écouter la n° 1 : fin mvt n°3), Mahler (écouter la n° 5 : début de l’Adagietto), Paul Hindemith, Hans Werner Henze... Et tous ceux qui les ont suivis, dans l’est et le nord de l’Europe, se sont conformés aux exigences de la grande forme (solide contruction, thèmes marqués, ampleur des masses orchestrales, ambition du projet). Exemples : Dvořák (écouter la n° 9 « du Nouveau Monde » : début du 4ème mvt), Alexander Borodine, Tchaikovski (n°6 « pathétique » : écouter la fin), Enesco, Martinu, Sergueï Prokofiev (écouter la n° 3 : 3ème mvt), Chostakovitch (écouter la n° 8 : extrait du 3ème mvt)...

Et les Français ?

Certes, le genre a convenu à quelques-uns comme Camille Saint-Saëns (écouter la n° 3 avec orgue : début du 3ème mvt), Albert Roussel (n° 3 : écouter le scherzo), Arthur Honegger (écouter la n°2 : choral du 3ème mvt) ou Henri Dutilleux. D’autres, sans doute impressionnés par l’héritage de leurs aînés, n’ont osé qu’un essai, d’ailleurs souvent réussi : César Franck (Symphonie en ré mineur : écouter la fin), Ernest Chausson (écouter le début du 3ème mvt), Georges Bizet ou Paul Dukas.

Mais la plupart ne se sont pas sentis à l’aise dans une forme jugée quelque peu trop sérieuse voire compassée. Imagine-t-on une symphonie de Gabriel Fauré, Achille Claude Debussy, Erik Satie ou Maurice Ravel ?

Et de fait, beaucoup d’œuvres intitulées « symphonie » n’en sont pas vraiment au sens de la forme classique. Le meilleur exemple est Hector Berlioz et ses 4 « symphonies » : Symphonie fantastique (c’est plutôt un poème symphonique en 5 parties : écouter la 5ème mvt : Sabbat), Harold en Italie (poème en 3 parties avec alto principal : écouter un extrait du 3ème mvt), Roméo et Juliette, (légende dramatique avec chœur et solistes : écouter l’épisode du Bal) et Grande symphonie funèbre et triomphale (commémoration des morts de 1830 : écouter le début du 1er mvt).

Pour Berlioz, le terme symphonie est plutôt à prendre dans son sens étymologique : syn-phonié (sons ensemble). C’est aussi le cas d’Igor Stravinski (Symphonie de psaumes : écouter le 1er mvt) ou d’Olivier Messiaen (Turangalîla-Symphonie : écouter le début du 1er mvt).

Alors oui, les Français sont tout à fait capables de composer des symphonies. Mais cette forme très « carrée » et quelque peu démonstrative, si solidement charpentée et aux sonorités profondes, ne convient pas vraiment à leur penchant pour une écriture plus fluide, légère et raffinée, recherchant le plaisir de l’oreille et de l’intelligence. Comme l’a écrit Debussy : « La musique française, c’est la clarté, l’élégance, la déclamation simple et naturelle ; la musique française veut avant tout, faire plaisir. ».

Mais, objectera-t-on, et la merveilleuse Symphonie en ré mineur de César Franck (1888 : écouter la fin) qui sonne plus comme du Brahms que comme du Berlioz ? D’abord, n’oublions pas que Franck était belge et qu’à son époque, la musique allemande était la référence privilégiée. Ensuite, remarquons que sa symphonie ne comporte que 3 mouvements (il a omis le traditionnel scherzo). Enfin et surtout, il innove en y introduisant le principe de la forme cyclique (résurgence des thèmes d’un mouvement à l’autre) qui aura tant d’influence en France... notamment sur Debussy.

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