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Le quatuor à cordes

fr-de-f11, le 04/10/2008

Formé de deux violons, d’un alto et d’un violoncelle, le quatuor à cordes prend son essor vers le milieu de la seconde moitié du XVIIIème siècle, à l’époque du classicisme viennois. Des compositeurs contemporains comme Dusapin ou Tanguy continuent d’enrichir ce répertoire considéré comme le grand genre de la musique de chambre.

I) Origine et structure

Comme toutes les formes instrumentales, l’origine du quatuor à cordes remonte à la suite baroque ainsi qu’à la "sonate en trio" italienne (Pietro Locatelli) ou allemande (Georg Philipp Telemann). Cependant, on peut voir en l’aria de la suite en ré de Johann Sebastian Bach le premier mouvement de quatuor, avec une écriture à quatre parties réelles, même si le violoncelle réalise une partie de basse continue avec un rythme en croche et sauts d’octaves perpétuels.

Comme pour la symphonie, c’est Joseph Haydn qui donnera au quatuor ses lettres de noblesse. D’ailleurs, si la symphonie est une sonate pour orchestre, le quatuor est lui une sonate pour quatre instrumentistes. Plus que dans tout autre genre de musique de chambre, les compositeurs respectent le plan sonate avec les quatre mouvements.

Le premier sera un allegro de forme sonate, pouvant être précédé ou non d’une introduction lente (César Franck, "dissonance" de Wolfgang Mozart). Arrive l’exposition des deux thèmes, le premier dans le ton principal, le second à la dominante ou au relatif. Après une reprise du tout, on assiste au développement des matériaux opposés puis enfin à une réexposition des deux thèmes dans le ton principal.

Le second mouvement est de forme plus libre. Les classiques adopteront plutôt une nouvelle forme sonate. Les romantiques privilégieront une forme lied. On peut également trouver un thème et variation.

Vient ensuite (quelques fois, il prend place avant le mouvement lent) un mouvement de galanterie : menuet pour les classiques, scherzo à partir de Ludwig van Beethoven. Du point de vue formel, les deux sont strictement identiques avec une structure interne de forme suite (AABB) où le B comprend quelques passages du A, notamment à sa conclusion. Arrive ensuite un trio également de forme suite puis la reprise de la "danse" initiale (menuet ou scherzo). Le compositeur peut également ajouter un second trio puis une nouvelle reprise du menuet/scherzo.

Le final lui est plutôt de forme rondeau (soit l’alternance entre couplet et refrain) même s’il peut être une nouvelle fois de forme sonate ou encore un savoureux mélange entre les deux.

II) Historique

Les premiers chefs-d’œuvre sont ceux de Haydn qui en écrit 83. Les plus marquants seront ceux de l’opus 76 (dont le célèbre quatuor l’Empereur) et ceux de l’opus 33 (1781) qui influenceront un certain Mozart, lui-même auteur de 23 quatuors dont les six "dédiés à Haydn".

"Recevez des mains d’Haydn l’enseignement de Mozart". Quand le jeune Beethoven arrive à Vienne en 1792, Mozart est mort mais Ludwig suit des cours avec Haydn jusqu’à sa mort en 1809. Parmi l’œuvre de Beethoven (16 quatuors à cordes), on distingue trois périodes :
- L’opus 18, encore très classique même s’il existe quelques traits beethoveniens surtout dans le quatrième en ut mineur.
- Les quatuors jusqu’en 1820 : ceux d’un compositeur accompli.
- Les derniers, très énigmatiques, incompris tout au long du XIXème, avec notamment la grande fugue opus 133.

À l’ère romantique, quand on parle de Johannes Brahms ou de Robert Schumann, on ne pense pas immédiatement à leurs quatuors à cordes. On pensera à la grande symphonie (Piotr Illitch Tchaïkovski, Brahms, Gustav Mahler,...) ou alors la musique de chambre avec la fougue supplémentaire du piano (quintette opus 44 de Schumann). Il n’empêche qu’on a composé tout de même des quatuors: 15 chez Franz Schubert, 5-6 chez Felix Mendelssohn-Bartholdy dont l’opus 44 composé pendant ses propres noces, trois chez Schumann avec l’opus 41 et chez Brahms, une dizaine chez Antonin Dvorak.

Le quatuor va revenir quelque chose de plus fondamental à la toute fin du romantisme lorsqu’on va se remettre à écrire des œuvres "sérieuses" où l’on réintroduira contrepoint, fugue, forme rigoureuse comme c’est le cas dans l’unique contribution de Franck ou encore de Gabriel Fauré.

Cependant, plus de trente ans séparent les deux œuvres. Entre elles pourront s’insérer l’unique quatuor de Achille Claude Debussy en sol mineur/phrygien op 10, de Maurice Ravel en fa Majeur défiant déjà l’harmonie classique ou encore les quelques essais d’Arnold Schönberg.

Le vingtième siècle sera marqué par les réalisations de Béla Bartók : six au total dont l’impressionnant cinquième, bâti en forme d’arche (un musicologue de renom en dira : "si le jugement dernier n’était pas représenté par des trompettes, c’est ce quatuor qui le définirait"), la suite lyrique de Alban Berg (qu’Olivier Messiaen emportera en captivité) et les quinze de Dimitri Chostakovitch (24 étaient prévus initialement pour explorer toutes les tonalités comme pour le clavier bien tempéré) ou les préludes de Frédéric Chopin, dont la mort vint cependant contrarier les projets.

III) Composition et interprétation

Composer un quatuor à cordes demande un grand nombre de connaissances. En effet, il faut toujours avoir rigoureusement une écriture à quatre voix. Si le piano permet une mobilité de la densité sonore et de la texture vu qu’il peut effectuer d’une à cinq parties, les cordes frottées ne le permettent pas. De plus, il faut trouver un équilibre entre une harmonisation à quatre voix mais comprenant le thème ainsi qu’une ligne de basse. Il faut donc une grande maîtrise de l’harmonie classique pour réunir tous ces éléments simultanément (souvent, le quatuor a été utilisé comme simple accompagnateur : quelques concertos de Mozart, dans les quintettes pour piano ou clarinette, dans les concertos de Chopin, dans le concert de Ernest Chausson...) Il faut aussi mentionner la monochromie du quatuor à cordes. Il est en effet impossible de combler quelque vide que ce soit dans l’harmonie par une brillante orchestration...

Généralement, les quatuors à cordes sont des œuvres de maturité. Ceux de Franck (1890) et de Fauré (1924) ont été composés l’année de leur décès. Outre le fait qu’on juge souvent le quatuor trop expérimental, les exécutants ont aussi du fil à retordre puisqu’ils doivent également attaquer ensemble, en même temps. Plaquer un accord peut prendre plusieurs heures puisqu’il faut que les quatre instrumentistes respirent et jouent en sympathie (et qu’ils sont bien sûr un seul par partie).

Ressources liées

Avez-vous bien lu ? (mini Q.C.M. sur le dossier)

Contenu lié : Plus de Q.C.M. - Le quatuor à cordes

1) Comment s’appelle le quatuor à cordes d’Alban Berg ?

2) Généralement, combien il y a-t-il de mouvements dans un quatuor à cordes ?

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