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0 - L’histoire de la musique à grands pas

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azerty (†), le 04/03/2015

Avertissement

Notre étude porte sur la musique occidentale savante (dite ”musique classique”), c’est-à -dire sur l’ensemble des œuvres notées depuis le IXe siècle. En effet, ce qui différencie essentiellement notre musique de celles des autres civilisations (chinoise, japonaise, indienne, africaine, arabe, etc.), c’est qu’elle est écrite. S’est ainsi conservé au fil des siècles un immense répertoire qu’on ne se lasse pas de redécouvrir et de réécouter.

Ce texte présente les principales étapes de son évolution. Voir aussi : Quelques dates charnières et œuvres clés.

NOTE IMPORTANTE : les périodes définies ci-dessous ne sont qu’indicatives. En effet, l’histoire n’est pas linéaire, les chevauchements sont permanents. Par exemple, Mahler nous semble plus « romantique » que Fauré pourtant né 15 ans avant ! Idem pour Strauss et Debussy... et que dire de Rachmaninov, contemporain de Schönberg ?!

Du VIe au Xe siècle : primauté du chant grégorien

Le chant grégorien ou « plain-chant » se caractérise par d’amples mélodies monodiques, dont le rythme et les contours mélodiques sont étroitement liés au rythme et aux inflexions de la parole.

L’appellation « chant grégorien » apparaît dès le VIIe siècle en référence au pape Grégoire Ier qui, fin Ve siècle, commence à mettre de l’ordre dans l’organisation de l’Église. Mais c’est surtout Charlemagne qui, pour affermir son pouvoir grâce au soutien des autorités religieuses, pousse à l’unification du chant liturgique chrétien dans tout son empire.

Écouter des exemples : Agnus Dei, puis Dies Irae

L’objectif du plain-chant est moins de plaire aux fidèles que de plaire à Dieu, en favorisant le recueillement. Au début, les mélodies sont transmises oralement. Mais, au IXe siècle, le répertoire s’enrichissant, on invente un système pour aider à se rappeler l’intonation : ce sont les neumes, suite de barres et de points qui se superposent au texte.

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Du Xe au XIIIe siècle : premières polyphonies religieuses

L’invention de la notation a des conséquences immenses qui vont conditionner tout l’avenir de la musique occidentale. D’abord simple moyen mnémotechnique, l’écriture sert peu à peu à noter les vocalises agrémentées de nouvelles paroles par lesquelles on enrichit le chant grégorien : ce sont les tropes. Puis on double le plain-chant d’une seconde voix et on le développe. Écouter des exemples : Alleluia (vocalises), puis Kyrie (monodie, puis bourdon, puis mouvements parallèles), et Sanctus (mouvements contraires et vocalises).

Dès la fin du XIIe siècle, deux moines de l’École de Notre-Dame, Léonin (c. 1150-1210) et Pérotin (c.1160-1230), font résonner leurs majestueuses compositions dans la nef de la nouvelle cathédrale de Paris : écouter le début de Viderunt omnes, organum à 4 voix de Pérotin.

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XIIe-XIIIe siècles : troubadours et trouvères

C’est la période des dernières croisades, mais aussi de l’amour courtois, des chansons de geste et des jeux. Les mélodies sont simples mais raffinées, inspirées par le chant grégorien et la musique populaire. Alors que jongleurs et ménestrels sont des professionnels itinérants, les troubadours sont des nobles qui créent pour leur plaisir et celui de leur entourage ; ils sont du sud de la France et parlent la langue d’oc. Les trouvères leur succèdent ; ils appartiennent à la grande bourgeoisie, ils sont originaires du nord de la France et de culture d’oïl.

Dans la France gothique, la musique connaît, comme la littérature et les autres arts, un essor considérable. Elle apparaît notamment dans toutes les fêtes et les grands événements de la vie sociale, pour soutenir le chant et la danse. Exemple : écouter une Ductie puis l’Estampie royale n°7. Dans la chanson elle traduit l’amour, la joie ou la tristesse. Exemple : Colin Muset (c1210-c1260 : écouter Sire Comte j’ai viélé). Au théâtre, elle soutient l’action dramatique. Exemple : Adam de la Halle (1237-1287), Jeu de Robin et Marion (1280 : écouter des extraits).

Quelques troubadours : Bernard de Ventadour (c. 1125-1195 : écouter La douce voix du rossignol), Raimbaut de Vaqueiras (1165-1207 : écouter Kalenda Maya), Beatritz de Die (fin XIIe : écouter Pleurs).

Quelques trouvères : Colin Muset (c1210-c1260 : lire ci-dessus), Adam de la Halle (1237-1287 : lire ci-dessus), Alphonse de Castille (1252-1284 : écouter le Cantiga n°100 «Santa Maria»)

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XIVe siècle : les audaces de l’Ars nova

Dans un contexte perturbé par la peste noire et la Guerre de Cent Ans, les musiciens remettent en question le style ancien qualifié d’« Ars antiqua » : bravant la réprobation de l’Église, ils osent des recherches polyphoniques et rythmiques qu’ils nomment « Ars nova ».

On invente de nouvelles formes : messe, lai, virelai, rondeau, ballade. Le motet devient profane. Les bases de l’écriture moderne sont fixées : portée, rythmes, clés.

Le fait de pouvoir visualiser ce qu’on imagine permet toutes les audaces : rythmes complexes, lignes mélodiques enchevêtrées, superposition de paroles différentes (écouter, de Guillaume de Machaut, le motet à 3 voix Qui es promesse).

Plus d’informations : Le Moyen Âge a tout inventé

XVe siècle : vers un art plus simple et plus expressif

On revient vers un art plus simple et plus expressif. Jusqu’ici essentiellement consacrée à l’exaltation du divin, la musique savante s’humanise. Trois grandes formes polyphoniques vocales dominent : messe, motet et chanson profane. Les danses instrumentales sont de deux sortes : basses (lentes : écouter le Lamento de Tristan) et hautes (rapides : écouter une Rota).

La guerre de cent ans, qui oppose Anglais et Français de 1337 à 1453, a des conséquences profondes. Dans un pays ravagé, la France perd la place essentielle qu’elle a si longtemps tenue, au profit de quelques compositeurs anglais qui, tout en tirant les bénéfices de l’Ars Nova, imposent leur goût pour un art plus simple et plus harmonieux. D’autre part, les foyers musicaux se déplacent vers les régions restées prospères et pacifiques : la Bourgogne et la Flandre, c’est l’apogée de l’école franco-flamande.

Le musicien anglais le plus connu est John Dunstable (c.1390-1453 : écouter le motet Quam pulchra es).

Le bourguigon le plus apprécié est Gilles Binchois (c.1400-1460 : écouter la chanson Filles à marier).

Le flamand le plus célèbre est Josquin des Prés (c.1450-1521 : écouter les chansons Mille regrets puis Petite camusette).

Plus d’informations : La Renaissance et l’apogée de la polyphonie

XVIe siècle : l’apogée de la polyphonie

Le XVIe est une période pleine de contradictions. D’une part le mouvement de la Renaissance crée une ambiance propice aux arts. Dans toute l’Europe, de nombreux mécènes se disputent les meilleurs créateurs. Les villes s’embellissent, on tente de ressusciter l’Antiquité pour atteindre un idéal d’équilibre et de beauté. Mais d’autre part, la Réforme et la lutte pour le pouvoir engendrent des guerres sanglantes notamment entre catholiques et protestants.

Chez le même individu donc, se trouvent souvent mêlés, d’un côté le culte de la beauté, de la raison et de la connaissance, de l’autre le dérèglement de la violence, de la passion, de l’indiscipline.

Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que naissent des personnalités aussi contrastées que Janequin (1485-1558 : écouter le Chant des oiseaux, puis Il était une fillette), Palestrina (v1525-1594 : écouter le motet «O bone Jésu»), Lassus (1532-1594 : écouter Matona mia cara, puis le motet «Domine convertere») ou Gesualdo (1566-1613 : écouter le madrigal Io parto).

La musique apparaît comme un divertissement raffiné, un plaisir de l’oreille et de l’intelligence, fait pour les hommes et non plus dédié à Dieu. Dans les classes aisées, il est obligatoire de savoir chanter ou jouer d’un instrument. Héritage des périodes précédentes, la polyphonie vocale a cappella triomphe : chansons en France, madrigaux en Italie et, partout, messes et motets.

Avec le perfectionnement des instruments (orgue, clavecin, luth, violes), une musique purement instrumentale commence à se développer, largement diffusée par les premiers éditeurs comme Attaingnant (c1494-1552 : écouter un Tourdion). On assiste à la naissance de la suite de danses, qui sera à l’origine de toutes les grandes formes instrumentales ultérieures.

Plus d’informations : La Renaissance et l’apogée de la polyphonie

1600-1750 : les « baroques »

La période dite « baroque » est très riche. En musique, le terme baroque s’impose aujourd’hui pour désigner la période qui va de 1600 à 1750. Il est d’usage de la diviser en trois partues égales :

- débuts du baroque (1600-1650) avec Claudio Monteverdi et Heinrich Schütz ;

- milieu du baroque (1650-1700) avec Jean-Baptiste Lully et Henry Purcell ;

- et baroque tardif (1700-1750), le plus connu et apprécié, avec François Couperin, Antonio Vivaldi, Jean-Philippe Rameau, Johann Sebastian Bach, Domenico Scarlatti et Georg Friedrich Haendel pour ne citer que les compositeurs les plus célèbres.

Sur le plan du style, la musique baroque présente les mêmes traits généraux que les autres arts : goût pour le mouvement, la fluidité et la métamorphose, exaltation de toute la palette des sentiments : héroïsme, passion, sensualité, fantaisie allant jusqu’au burlesque... Ce n’est pas un hasard si cette période voit la naissance de l’opéra.

Sur le plan du langage musical, la savante polyphonie des siècles antérieurs est progressivement abandonnée au profit de la « monodie accompagnée », où la voix supérieure est privilégiée, les voix inférieures étant réduites au rôle d’accompagnement et confiées à divers instruments. Mais on va plus loin : les voix intermédiaires ne sont même plus notées. Seule la basse est écrite, avec des chiffres en dessous qui indiquent les accords les plus nécessaires. Le reste de l’arrangement est laissé au jugement et à l’art de l’exécutant : c’est le procédé de la basse continue (ou basse chiffrée) qui, trois siècles avant le jazz, laisse une grande place à l’improvisation.

La période voit aussi la naissance des grandes formes : opéra, cantate, oratorio, fugue, suite, sonate, concerto grosso puis concerto de soliste. C’est enfin la naissance de la notion d’orchestre en même temps que l’abandon progressif du luth et de la viole.

Plus d’informations : Cet étonnant âge ”baroque”

1720-1780 : entre « baroque » et « classicisme »

Quelques années seulement séparent la mort de Jean Sébastien Bach (1750) et les premières compositions de Haydn ou Mozart (vers 1760-70). Quelle différence pourtant entre d’une part l’apothéose de la polyphonie et du contrepoint chez le premier, d’autre part le triomphe de l’accord parfait et du thème charmeur chez les seconds ! Que s’est-il passé entre temps ? Une évolution du goût et du style, déjà en germe chez Haendel et Telemann, mais qui s’affirme chez les fils de Bach et autres Stamitz.

La mutation est due pour beaucoup à des facteurs sociologiques : aux côtés de l’église et de la cour émergent des lieux nouveaux : salons, cafés, demeures bourgeoises, salles de spectacle. Un public plus nombreux réclame une musique plus simple et plus chantante, mais plus contrastée et plus riche en émotions.

C’est la période du « style galant » et du style « sensible » (Empfindsamer Stil), dont Carl Philipp Emanuel Bach est le meilleur représentant. Notons aussi l’apport de Christoph Willibald Gluck dans la réforme de l’opéra.

Plus d’informations : Cet étonnant âge ”baroque”

1750-1800 : les « classiques »

Alors qu’en France les « Lumières »préparent les esprits à la révolution, c’est à Vienne, en Autriche, que la musique atteint, avec Haydn et Mozart puis Beethoven et Schubert, un point d’équilibre quasi parfait entre fantaisie et rationalité, invention et construction, charme et rigueur. C’est pourquoi le terme « classique » qualifie cette période précise, mais aussi et plus généralement, toute œuvre ou tendance qui réfère à cet idéal d’équilibre.

Ce style est très structuré mais il sait séduire et émouvoir sans complications inutiles. Les formes se stabilisent : forme ”sonate” à 2 thèmes contrastés, concerto de soliste en trois mouvements, symphonie en quatre. L’orchestre est plus fourni et plus puissant : aux cordes se joignent les bois, les cuivres et les timbales.

L’influence du style classique sera profonde. Elle imprégnera tout le XIXe siècle, à commencer par ce qu’il est convenu d’appeler les « préromantiques » : Beethoven, Weber et Schubert.

Plus d’informations : Classiques et romantiques : compositeurs célèbres

1800-1830 : les « pré-romantiques »

La révolution française (1789-1799) ne touche pas que la monarchie : un changement profond bouleverse tous les rapports humains et son influence s’étend dans tous les domaines. Une époque nouvelle s’ouvre où l’artiste se libère de la servitude des princes. Il travaille pour un plus large public. Le compositeur revendique sa liberté d’expression, choisit ses livrets, s’épanche dans les Lieder. Car c’est surtout en Allemagne que le romantisme musical se développe.

Déjà , le Sturm und Drang avait instillé de la mélancolie et une passion contenue dans les œuvres. Avec Ludwig van Beethoven, Carl Maria von Weber et Franz Schubert, le mouvement s’étend et s’individualise en Allemagne-Autriche. Le carcan des formes classiques va peu à peu éclater.

Gioacchino Antonio Rossini triomphe dans l’opéra bouffe, Niccolò Paganini invente la figure du concertiste virtuose.

Le perfectionnement du piano en fait l’instrument roi, à la fois confident et virtuose.

Plus d’informations : Classiques et romantiques : compositeurs célèbres

1830-1870 : les « romantiques »

Le romantisme est avant tout un état d’esprit, caractérisé par l’émancipation de l’individu et l’expression de son moi intime : ses sentiments, ses passions, les élans de sa sensibilité, la fantaisie de son imagination. La révolution française a eu un impact considérable sur les esprits : les idées de liberté et d’indépendance ont triomphé et les rapports sociaux ont été bouleversés.

Le public s’est diversifié et ses goûts aussi : une musique de divertissement plus facile (danses, chansons, opérette...) naît à coté d’un langage plus complexe et plus élitiste. C’est le début du divorce entre le compositeur et le public, entre une « grande musique » et une musique plus légère. Les opéras-bouffes de Jacques Offenbach (1819-1880) et les valses de Johann Strauss fils (1825-1899) en sont l’illustration.

Dans tous les secteurs de la culture, de nombreux thèmes nouveaux sont développés : le héros rebelle, la nature, l’irrationnel (mystère, ténèbres), la redécouverte du passé (Moyen Âge et Renaissance).

Dans le domaine de la musique savante, les formes classiques évoluent en s’amplifiant : symphonie, concerto mettant en valeur un soliste virtuose, opéra « continu » initié par Richard Wagner. Des formes nouvelles apparaissent : poème symphonique, musique de scène, nombreuses formes pianistiques (ballade, fantaisie, impromptu, nocturne, rhapsodie...).

Il n’y a pas un style unique mais des tendances communes qui ont chaque fois leurs exceptions : penchant pour les attitudes théâtrales mais recherche de l’intimité, propension au gonflement démesuré des formes (que le post-romantisme accentuera) mais multitude de pensées furtives confiées au piano (romances sans paroles, feuillets d’album, ballades, etc.), dédain des règles mais goût pour la clarté, recours à la musique à programme mais retour permanent à la musique pure (sonate, quatuor, concerto, symphonie).

Notons enfin la recherche d’alliages sonores inédits qui va avec le développement de l’orchestre : les instruments sont portés à leur perfection (clés, pistons), la technique instrumentale progresse, la virtuosité est reine.

Principaux compositeurs : Hector Berlioz, Felix Mendelssohn-Bartholdy, Frédéric Chopin, Robert Schumann, Franz Liszt, Wagner et Giuseppe Verdi.

Plus d’informations : Classiques et romantiques : compositeurs célèbres

1860-1900 : les « post-romantiques »

Période extrêmement riche qui présente une grande variété de styles. La révolution industrielle du XIXe siècle donne naissance à une classe moyenne dont les goûts musicaux vont dans trois directions :

- recherche d’une musique plus facile : c’est le triomphe de la valse (Johann Strauss fils) et de l’opérette (Offenbach) ; Emmanuel Chabrier introduit l’humour en musique ;

- caractères du romantisme poussés à leur paroxysme : expression extrême des sentiments (Piotr Ilitch Tchaïkovski), prédominance de la musique à programme (Richard Strauss), gigantisme de l’orchestre (Anton Bruckner, Gustav Mahler) ;

- exacerbation de l’identité individuelle, mais aussi nationale : recherche des racines, inspiration du folklore.

Voient ainsi le jour ce qu’il est convenu d’appeler « les écoles nationales », souvent représentées par un musicien ou un groupe de musiciens : en Russie par exemple, c’est le Groupe des Cinq (Mili Balakirev, César Cui, Alexander Borodine, Modest Moussorgski et Nicolaï Rimski-Korsakov). En Tchécoslovaquie, on trouve Bedrich Smetana et Antonin Dvořák, puis Leoš Janáček ; puis plus au nord : Edvard Grieg en Norvège et Johan Jean Julius Christian Sibelius en Finlande.

Et même dans les anciennes cultures musicales, se développe un sentiment national : Isaac Albéniz et Granados représentent l’Espagne ; Camille Saint-Saëns fonde la Société nationale de musique pour populariser la musique française en réaction au wagnérisme (les membres les plus éminents en sont César Franck et Gabriel Fauré) ; en Italie, le courant vériste (Giacomo Puccini) illustre la conquête de l’indépendance du pays.

Ne terminons pas ce panorama sans citer deux immenses compositeurs : Johannes Brahms, sorte de classique-romantique autrichien, et Georges Bizet, jalon incontournable de l’opéra français avec Carmen.

Plus d’informations : Postromantiques et écoles nationales

1890-1930 : du XIXème au XXème siècle

Sur le plan musical comme dans tous les autres domaines de la culture (littérature, philosophie, arts plastiques...) la période charnière entre les XIXème et XXème siècles est extrêmement contrastée.

Parallèlement à des tendances hyper-romantiques (Puccini, Mahler, Richard Strauss, Sergueï Rachmaninov...) on constate le retour à une expression plus tempérée, à travers notamment « l’impressionnisme musical » (Achille Claude Debussy, Maurice Ravel, Sibelius, Falla) et l’affirmation des identités nationales (Janáček, Albéniz, Sibelius, Falla...).

Le langage musical se libère de plus en plus des contraintes de la tonalité. Même pour les compositeurs encore attachés aux formules anciennes (Mahler, Strauss, Paul Dukas, Roussel...), la tonalité se dissout de plus en plus dans le chromatisme. Plus encore, la Belle Époque (1880-1914) ouvre des voies inédites : modalité (Debussy, Ravel), atonalité (Arnold Schönberg), esprit dada (Erik Satie).

L’auditeur peut ainsi entendre aux environs de 1910 des œuvres aussi différentes que : Madame Butterfly de Puccini (1906 : écouter), la Symphonie n° 9 de Mahler (1909 : écouter), Le Chevalier à la rose de Strauss (1911 : écouter), Le Château de Barbe-Bleue de Béla Bartók (1911 : écouter), Daphnis et Chloé de Ravel (1912 : écouter), Pierrot lunaire de Schönberg (1912 : écouter), Jeux de Debussy (1913 : écouter), Le Sacre du printemps d’Igor Stravinski (1913 : écouter), ou Parade de Satie (1917 : écouter)

Plus d’informations : Les modernes : compositeurs célèbres

1910-1940 : début du XXème siècle

La Belle Époque (1880-1914) avait ouvert des voies inédites. Dans l’entre-deux guerres (1918-1939), il devient difficile de définir une tendance générale. Les compositeurs se regroupent par affinité. Par exemple : l’École de Vienne (Schönberg, Alban Berg, Anton Webern) ou le Groupe des Six (Auric, Durey, Honegger, Milhaud, Francis Poulenc et Tailleferre).

Des langages divers coexistent : tonalité élargie (Villa-Lobos, Sergueï Sergueïevitch Prokofiev, Honegger, Francis Poulenc), atonalité (Berg), sérialisme (Webern), polytonalité (Milhaud), modalité (Bartók, Paul Hindemith), agencement de timbres (Edgar Varèse). En outre, un fort courant néoclassique se révèle qu’on retrouve notamment chez Prokofiev, Stravinski ou Ravel.

Le jazz est maintenant une musique installée qui influence le « classique » sur le plan rythmique essentiellement mais aussi par sa couleur et son atmosphère.

Pour donner une idée de la richesse de cette période, voici quelques musiques qu’on peut entendre autour de 1930 : Symphonie n° 3 de Prokofiev (1928 : écouter le 3ème mvt), Symphonie de psaumes de Stravinski (1930 : écouter le 1er mvt), ballet Bacchus et Ariane de Roussel (1930 : écouter un extrait), le Concerto pour piano n° 2 de Bartók (1931 : écouter le 1er mvt), Ionisation de Varèse (1931 : écouter la fin), le Concerto pour deux pianos de Poulenc (1932 : écouter le 1er mvt), la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov (1934 : écouter la 18ème variation).

Plus d’informations : Les modernes : compositeurs célèbres

1930-1980 : milieu du XXème siècle

Commençons par noter un curieux paradoxe : à l’heure où, grâce à l’enregistrement sonore, il serait si facile de mettre en contact auditeurs et compositeurs contemporains, ceux-ci choisissent de s’exprimer dans un langage inintelligible au plus grand nombre.

Le mouvement atonal se développe en se complexifiant sous la forme du sérialisme intégral (Stockhausen, Boulez).

À partir de 1948, les technologies d’enregistrement du son permettent l’apparition de la musique concrète (Pierre Henry), puis électronique.

Les compositeurs expérimentent dans de multiples directions : utilisation du hasard et de l’aléatoire (Cage) ou au contraire de formules mathématiques (Xenakis), introduction de la citation-collage (Berio), spatialisation du son, théâtralisation de l’exécution, etc.

On serait bien en peine de chercher un trait commun à toutes ces tentatives, sinon la volonté d’évacuer tout épanchement sentimental et d’atteindre un ordre purement objectif, voire un idéal d’universalité : qu’on se réfère notamment à la volonté démiurgique d’un Olivier Messiaen, d’un Xenakis ou d’un Stockhausen.

Pourtant, la tonalité n’est pas complètement évacuée. Non seulement elle domine dans la chanson, le divertissement et le cinéma (Hermann, Rota, Morricone), mais de nombreux compositeurs « classiques » lui restent attachés (Rodrigo, Khatchaturian, Barber). D’autre part, chez des indépendants comme Weill, Dimitri Chostakovitch ou Benjamin Britten, le sentiment tonal reste très présent.

Plus d’informations : Où va la musique d’aujourd’hui ?

L’enregistrement sonore : formidable outil de connaissance ou robinet à musique ?

Le milieu du siècle connaît une révolution extraordinaire : l’enregistrement sonore. La large diffusion de cette technologie marque, à partir des années 1950, l’essor commercial de la musique enregistrée, avec une énorme production planétaire de disques microsillons puis de cassettes.

Les conséquences sont à la fois positives et négatives.

Positives car un univers musical considérable s’ouvre à l’amateur. Plus besoin de sortir pour aller au concert : chacun chez soi peut à loisir écouter ce qui lui plaît, quand il lui plaît et autant de fois qu’il lui plaît. Autrefois, il fallait des années pour avoir l’occasion d’entendre les 9 symphonies de Beethoven dans de bonnes conditions. Aujourd’hui, il suffit d’acheter une intégrale pour les écouter sous la direction d’un chef prestigieux. Autrefois, un répertoire limité était offert à la découverte. Aujourd’hui, une vie ne suffirait pas à explorer la totalité des musiques accessibles par l’enregistrement, de tous pays et de toutes époques. D’autant que les musicologues ne cessent de remettre au jour des œuvres oubliées, permettant à chacun une meilleure connaissance et compréhension du passé.

Négatives car le mélomane, submergé par ce déluge, est trop souvent devenu passif. La pratique de la musique de chambre en amateur a quasiment disparu. D’ailleurs, pour le non-professionnel, les partitions des contemporains sont techniquement inabordables... quand il peut encore les lire. L’auditeur n’est plus qu’un consommateur que contente le plus souvent une écoute superficielle. Il suffit de régler son tuner pour capter un flot musical continu, généralement composé d’œuvres connues qui déversent un fond sonore agréable et rassurant. La vulgarisation de la musique par les moyens modernes de diffusion semble être un leurre : seule une élite cultivée profite réellement de ce formidable outil de connaissance !

1970 jusqu’à aujourd’hui

Aujourd’hui, finis les disques et autres supports encombrants. Avec la possibilité de compresser les enregistrements au format mp3 et le développement des capacités de mémoire du numérique, on peut transporter dans sa poche des milliers d’heures de musique !

Sur le plan de la création, il semble en cette fin du XXe siècle que toutes les expériences aient été tentées. Les compositeurs font usage de tout ce qui a été inventé avant eux et le mettent au service de leur expression personnelle. Généralement, c’est la recherche de timbres et d’ambiances qui domine, la mélodie et le rythme étant mis au service du son.

Il faut cependant noter globalement un rejet de l’hermétisme du post-sérialisme. On assiste notamment dans les courants « planants » (Górecki, Penderecki et Arvo Pärt) et minimalistes (Riley, Reich et Glass) à un fort retour du sentiment tonal et de la consonance. Mais les recherches « cérébrales » n’ont pas pour autant disparu. Signalons notamment le recours permanent à l’informatique (voir Risset et lire Instrument de musique assisté par ordinateur), ainsi que l’apparition de l’aride courant spectral (Grisey et Murail)

En fait, la plupart des compositeurs actuels empruntent une voie indépendante s’efforçant d’être à mi-chemin entre « prise de tête » et recherche d’une jouissance sonore. Voir notamment : Dusapin (né en 1955 : écouter le début de Galim, 1998), Bacri (né en 1961 : écouter un extrait du 3ème Concerto pour violon, 2003), Marc-André Dalbavie (né en 1961 : écouter la 3ème pièce de Seuils, 1993), Tanguy (né en 1968 : écouter un extrait du Concerto pour violoncelle n°2, 2000)

Terminons par un clin d’œil à Satie : un exemple de « musique fonctionnelle » de René Aubry (né en 1956 : écouter le début de Après la pluie, 1993)

Plus d’informations : Où va la musique d’aujourd’hui ?

Liens

Pour une introduction à l’histoire de la musique, voir aussi ces sites :

- excellent : http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire de la musique classique occidentale

- très complet : http://www.ars-classical.com/hist-de-la-musique.html

- excellent et agréable à lire : http://classic-intro.net/introductionalamusique.html (nombreuses illustrations musicales)

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Ressources liées

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