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Curiosités sur les compositeurs

azerty (†), le 06/12/2013

Une affaire de famille

Le génie n’est pas héréditaire : rares sont les grands musiciens dont les enfants ont laissé un souvenir.

La famille BACH est une exception.

Johann Sebastian Bach (1685-1750) naît à Eisenach dans une famille de musiciens, probablement la plus importante qui soit connue dans toute l’histoire de la musique occidentale. En effet, les « Bach » qui pratiquent cette profession à l’époque sont déjà au nombre de plusieurs dizaines, exerçant comme musiciens de cour, de ville ou d’église dans la région de Thuringe (Allemagne). Les réunions de famille réunissent jusqu’à 120 personnes et l’on imagine tous ces excellents musiciens chantant en chœur et faisant assaut de verve et de virtuosité !

Johann Sebastian se situe à la cinquième génération de cette nombreuse famille et cinq de ses enfants continueront la tradition. Le plus connu est le fantasque Carl Philipp Emanuel (1714-1788 : Concerto clavecin-cordes en la M WQ29, mvt 3) mais il faut aussi citer l’aîné Wilhelm Friedemann (1710-1784), le plus doué selon son père (Sinfonia F067 en fa M, mvt 1), ainsi que Johann Christian (1735-1782), le plus jeune, parfait représentant du style galant (Sinfonia en sol m op.6 n°6, mvt 1).

La famille STAMITZ

Johann Stamitz (1717-1757 : écouter Concerto flûte-cordes en sol M, mvt 3) est le 1er animateur du fameux orchestre de Mannheim. Il est aussi le père des compositeurs et violonistes Carl (1745-1801) et Anton (1750-1800) qui continueront son œuvre.

HAYDN, MOZART et WEBER

Joseph Haydn (1732-1809) avait un frère, Michael Haydn (1737-1806) également compositeur et collègue de Wolfgang Mozart à Salzbourg. Ce Michael ne devait pas manquer de talent car son Requiem (écouter le kyrie) inspira celui de son jeune confrère (écouter la fin du kyrie de Mozart).

Leopold Mozart, compositeur assez célèbre à son époque, est aujourd’hui surtout connu comme père et professeur de Maria Anna (1751-1829, surnommée Nannerl) et de Wolfgang Amadeus (1756-1791). Pour ses deux enfants prodiges, il organise des tournées dans toute l’Europe, mais très vite le talent de Nannerl sera éclipsé par celui de son jeune frère.

Wolfgang Amadeus aura deux enfants, dont Franz Xaver Wolfgang qui deviendra compositeur à son tour mais ne laissera pas d’œuvre remarquable. Par contre, il se trouve que l’épouse d’Amadeus, Constanze Weber, était une cousine de Carl Maria von Weber. Ainsi, le hasard fait que ces 2 grands compositeurs, Mozart et Weber, sont cousins par alliance !

La famille MENDELSSOHN

Felix Mendelssohn-Bartholdy a une soeur aînée, Fanny, qui est comme lui un enfant prodige. Mais leur père a des idées bien arrêtées sur la condition des femmes. Il écrit à sa fille : « La musique sera peut-être pour Felix une profession mais pour toi elle ne peut et ne doit être qu’un agrément.. » Fanny sacrifie donc son talent et épouse un peintre fortuné. Celui-ci lui permettra cependant de continuer à composer (écouter l’introduction de la Cantate nach Bildern der Bibel), et elle se consacrera essentiellement à la diffusion de l’œuvre de son frère. Ce n’est qu’à la fin de sa vie en 1846, qu’elle trouvera le courage de publier ses propres œuvres (extrait de L’Année pour piano : Février).

MENDELSSOHN et BACH

On sait d’autre part que Félix amorca la redécouverte de Johann Sebastian Bach par le grand public en dirigeant à Berlin (en 1829) une exécution de la Passion selon saint Mathieu (écouter le chœur final). Ce qu’on sait moins, c’est qu’un lien ténu le rattachait au grand musicien par sa tante paternelle Sara Lévy. En effet, celle-ci, pianiste accomplie, avait été l’élève préférée de Wilhelm Friedemann Bach, l’aîné de Jean Sébastien. Et c’est elle qui recommanda Carl Friedrich Zelter au père de Félix. Or Zelter était non seulement un excellent professeur, mais aussi un grand admirateur de J. S. Bach dont il a rassemblé une riche collection de manuscrits à la bibliothèque musicale de Berlin et dont, le premier, il a fait exécuter les œuvres. Sans sa tante Sara, Félix n’aurait probablement pas entretenu un contact aussi étroit avec l’œuvre du Cantor de Leipzig.

La famille SCHUMANN

Le destin de Clara, l’épouse de Robert Schumann, est un peu meilleur que celui de Fanny Mendelssohn. En effet, elle connaît le succès comme pianiste virtuose. Elle compose aussi, mais sa quarantaine d’œuvres est éclipsée par celles de son illustre mari. Veuve dès 1856, elle devient l’amie, la conseillère et l’inspiratrice de Johannes Brahms. Elle consacrera le reste de son existence à faire connaître et apprécier la musique de son cher disparu.

LISZT et WAGNER

Franz Liszt conçoit sa fille Cosima hors mariage avec Marie d’Agoult : énorme scandale ! Cosima épouse un des élèves les plus doués de son père, Hans von Bülow mais, malheureuse en mariage, elle crée elle aussi un mémorable scandale en s’enfuyant avec Richard Wagner avec qui elle a trois enfants. Après la mort de Richard en 1883, elle reprend le flambeau du festival de Bayreuth qui, à ses débuts, est un immense succès artistique mais un désastre financier et n’a encore pu être ouvert que deux fois. Bientôt aidée par leur fils Siegfried, elle redresse les finances et reste l’âme du Festspielhaus jusqu’à sa mort en 1930. Aujourd’hui, c’est toujours un descendant de Wagner qui dirige le festival, dont le succès ne s’est pas démenti : il y a 10 ans d’attente avant d’obtenir une place !

De MAHLER à BERG

Alma (1879-1964) a 20 ans quand Gustav Mahler l’épouse en secondes noces. Belle, intelligente et cultivée, elle l’introduit dans l’intelligentia viennoise, lui fait notamment rencontrer les artistes de la Sécession viennoise, dont le peintre Gustav Klimt (1862-1918), ainsi que le chef de file de l’avant-garde musicale Arnold Schönberg. Son mariage l’amène à abandonner ses propres aspirations artistiques en musique et en peinture. Frustrée, souvent sacrifiée au travail d’un mari distrait et exigeant, elle succombe au charme de l’architecte Walter Gropius.

À la mort de Mahler en 1911, Alma épouse Gropius. De leur union nait Manon, qui malheureusement décède en 1935, à l’âge de 18 ans. Le compositeur Alban Berg, ami de la famille, dédie à sa mémoire son Concerto pour violon qu’il sous-titre À la mémoire d’un ange (1935 : écouter un extrait du 2nd mvt). Tel est le fil ténu qui relie Mahler et Berg.

L’étrange hasard des naissances groupées

Dans la même année 1685 naissent trois grandes figures : Johann Sebastian Bach, Georg Friedrich Haendel et Domenico Scarlatti. Un peu plus tôt, c’est : Jean-Philippe Rameau (1683), Georg Philipp Telemann (1681) et Antonio Vivaldi (1678). Merveilleuse concentration du génie !

Même phénomène autour de 1810 : en l’espace de 4 ans, naissent tous les grands romantiques : Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809), Frédéric Chopin (1810), Robert Schumann (1810), Franz Liszt (1811), Giuseppe Verdi (1813) et Richard Wagner (1813).

Enfin, on retrouve une étonnante concentration autour de 1925. C’est la période où naissent tous les compositeurs qui révolutionneront la musique après guerre : Iannis Xenakis (1922), György Ligeti (1923), Luciano Berio (1925), Pierre Boulez (1925), Pierre Henry (1927) et Karlheinz Stockhausen (1928).

Prix de Rome célèbres et inconnus

Le Grand Prix de Rome est la récompense suprême que peut espérer un jeune créateur à la fin de ses études. Il est aujourd’hui concurrencé par beaucoup de concours internationaux plus ou moins spécialisés comme Le Prix de Composition du Concours de Genève ou celui décerné par la Sacem.

Il a été créé en 1663 en France sous le règne de Louis XIV pour couronner les jeunes artistes prometteurs en peinture et sculpture. À partir de 1666, une bourse d’étude leur est offerte pour un séjour de plusieurs années à Rome, étape incontournable de toute formation depuis la Renaissance, en raison de sa richesse artistique. Le prix s’ouvre à l’architecture en 1720 et à la musique en 1803. À partir de cette même date, les lauréats seront hébergés à la Villa Médicis. Le concours est supprimé en 1968 et remplacé par une sélection sur dossier. Le séjour n’est plus que de 6 à 18 mois.

Le grand problème de ce genre de concours réside dans les critères de choix. Le jury, généralement composé de personnalités bien établies, a tendance à verser dans l’académisme. Et le plus souvent, ce sont des artistes, certes talentueux, mais de second plan qui l’emportent. On sait par exemple que Ravel, bien que cinq fois candidat, ne l’obtint jamais. Et c’est souvent après plusieurs essais et en s’assagissant, que les plus grands l’ont réussi.

C’est pourquoi la plupart des lauréats sont tombés dans l’oubli, même si la plupart ont mené une carrère officielle enviable.

Voici quelques dates remarquables de 1803 à 1968 :

L’affaire Ravel

Il se présente 5 fois au Prix de Rome (1900, 1901, 1902, 1903, 1905)... en vain. Pourtant, il a déjà composé des œuvres importantes : ses Jeux d’eau (1901 : écouter le début), son Quatuor à cordes (1902 : écouter la fin du mvt 1) et il a le soutien de figures éminentes comme Camille Saint-Saëns ou Gabriel Fauré. Mais les conservateurs l’emportent sur les tenants du modernisme.

En 1905, il est même exclu en plein concours pour avoir dépassé de quelques semaines la limite d’âge. Le fait est repris par la presse et provoque un scandale qui dépasse le monde musical. À tel point que le directeur du Conservatoire de Paris (Théodore Dubois) doit démissionner pour être remplacé par Fauré !

Au-delà du tapage médiatique, ce qu’on appela « l’affaire Ravel » est une formidable publicité pour faire connaître le nom du jeune musicien.

Compositeurs mais aussi écrivains

La plupart des grands compositeurs, s’ils n’avaient été musiciens, auraient probablement pu s’épanouir dans bien d’autres domaines. C’est souvent les choix de leurs parents et les hasards de la vie qui expliquent leur vocation. On sait par exemple que Johann Sebastian Bach avait la passion d’apprendre, qu’il maîtrisait la rhétorique, le latin, le grec et le français, et qu’il possédait une culture bien plus approfondie que la plupart de ses contemporains. Georg Philipp Telemann était un surdoué à l’aise des toutes les disciplines. On pourrait mutiplier les exemples...

Citons quelques noms qui auraient pu faire une belle carrière comme écrivains :

Enfants prodiges et vocations tardives

Quand on parle d’enfant prodige, tout le monde pense à Mozart, mais bien d’autres compositeurs se sont révélés très jeunes. Citons les plus connus par ordre chronologique :

Ajoutons quelques noms moins illustres :

À l’inverse on peut citer quelques noms de compositeurs célèbres qui ont choisi relativement tard de se consacrer entièrement à la musique :

Morts jeunes, morts vieux

Il est bien connu que Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) est mort jeune : 35 ans. Mais, ayant commencé à composer très tôt, sa vie créatrice a quand même duré près de 30 ans. Sa précocité et sa facilité lui ont permis de produire une œuvre considérable : plus de 600 numéros !

Le cas de créateurs décédés trop tôt n’est hélas pas rare. Quelques exemples classés par longévité :

Quelques autres compositeurs ont affiché une longévité étonnante. Certains comme Rossini (mort à 76 ans) ou Sibélius (mort à 92 ans) ont arrêté de composer assez tôt (Rossini à 37 ans, Sibélius à 60 ans) se sentant dépassés par leurs jeunes collègues. Mais la plupart ont créé jusqu’à leur dernier souffle. Voici un classement par longévité :

Morts stupides

Par ordre alphabétique :

Plus d’informations : morts stupides

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